BYGMALION OU BIG BROTHER ?

LA MASCARADE PASSE, DANSEZ, RIEZ, SOUS VOS MASQUES LÉGERS


Onze ans après les faits, le procès en appel de l'affaire qui restera sous l'appellation "Affaire Bygmanion" ne semble que modérément intéresser la bonne presse française. Plus grave, sans doute, une certaine presse, qu'on croyait naguère en permanence à la recherche de la vérité, semble se complaire à adopter le point de vue faussé tel qu'il a été présenté dès le départ.

Car, qu'est-ce que l'affaire dite Bygmalion sinon la démonstration qu'un parti politique (l'UMP) puisse sans compter et sans vérifier la légitimité de la dépense, gaspiller plus de 20 millions d'euros d'argent public. Oui, argent public car en France les partis politiques sont financés à 90% par de l'argent sorti de la poche des contribuables.

Alors, quand toutes les preuves avérées confirment qu'en 2012 le parti politique UMP a volontairement, sans y être contraint de quelque manière que ce fut, payé avec ses fonds (publics) des factures pour des prestations qu'il n'avait pas demandées et qui ne relevaient pas de sa compétence, pourquoi ce "détournement de fond" ne donne-il pas lieu à un procès dirigé uniquement contre ce parti et ses responsables de l'époque mais y associe des prestataires de service et le présumé bénéficiaire.

Ils ont disparu... Corps et biens!

Qui étaient aux postes de responsabilité de l'UMP en 2012? Au minimum, un président et un trésorier, à savoir Jean-François Copé et Dominique Dord. Or, aucun de ces deux-là ne se retrouve aujourd'hui devant la cour d'appel. On n'y rencontre, au titre de l'UMP, que des seconds couteaux, en l'occurrence Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet (salarié) de Copé, et Fabienne Liadzé, directrice financière (salariée) de l'UMP.

Mais quid de JF Copé? Eh bien, il aurait été "abusé" par son directeur de cabinet et ne s'en serait pas aperçu. Curieux non. Et si on n'a pas la preuve du contraire, on a, à contrario, la preuve que ce type est un incapable notoire, infichu de surveiller ce qui se passe dans le parti dont il est le président.
Et quid de D. Dord? Sa directrice financière, celle sur laquelle il avait la haute main, aurait donc tout fait sans solliciter son avis? Çà, c'est moins vrai!
Il existe des traces d'échanges entre Dord et Liadzé dans lesquels la directrice demande au trésorier son accord... Par exemple pour virer en novembre 2012 un petit million d'euros à Event and cie, une filiale de Bygmalion.  Confer ci-dessous:


Eh, oui! Fabienne Liadzé, directrice financière, a bien demandé son accord au trésorier avant de virer des fonds d'une certaine importance. C'est avéré, même si d'autres mails démontrent que Dord se faisait parfois prier. Au moins jusqu'à ce que Fabienne lui réponde, impatiente": Tu veux ou tu veux pas, si tu ne veux pas on ne paie pas". Et, finalement, il disait oui.

Mais Dord (à la niche) n'est pas présent au procès. Il ne pourra pas s'expliquer.
Alors pourquoi F. Liadzé n'a-t-elle pas rendu publics ses mails? Et si elle l'a fait, pourquoi n'ont-il pas été pris en compte?
Est-ce parce que si la justice avait juste instruit le procès de l'UMP (et pas celui de Bygmalion) en cas de culpabilité il aurait fallu condamner l'UMP à rembourser les 20 millions d'euros? Ou peut-être même d'en imputer une partie aux (ir)responsables à la tête de ce parti..?
Allons savoir.

Quant à Sarkozy, dans cette affaire, il va avoir beau jeu d'affirmer qu'il ne savait pas qu'une partie de ses dépenses de campagne avaient été payée par le parti que dirigeaient Copé et Dord, lesquels n'étaient pas précisément deux de ses plus fidèles supporters. Cet homme qui était président de la république le jour, avec toutes les contraintes de temps et de responsabilités que cela impliquait, et candidat le soir ou le dimanche, avec tout ce que cela comportait de préparation, ne pouvait pas, en sus, aller vérifier chaque dépense. C'est assez facile à admettre.
Et à bien y réfléchir, c'est bien peut-être comme cela que le procès en appel va se terminer.

La mascarade passe chantait-on jadis à la maternelle...

La mascarade passe et lonlonlère et lonlonla
La mascarade passe hohé la voila
Dansez riez pierrots et colombines
Dansez riez sous vos masques légers
Dansez riez pierrots et colombines
Dansez riez sous vos masques légers


Un dernier pour la route:
A propos de l'affaire dite Bygmalion, ci-dessous un extrait d'un article de Marianne, un hebdo qu'on a connu moins fidèle à la doxa.:

Comment croire en effet, que la directrice financière, Fabienne Liadzé, ait mis en musique en mars le paiement des fausses conventions de l’UMP sans l’aval de Lavrilleux ? « Quand je n’ai pas su dire non au système, le 6 mai, j’ai posé comme condition qu’on n’en parle pas à Jean-François Copé, dans le but de le protéger», assure-t-il aussi.

Il ne manque pas quelqu'un dans ces citations de personnages?
Il n'y avait pas à l'UMP un trésorier sans qui rien de tout cela n'aurait pu se faire?

Que les politiques se fichent du public, c'est l'habitude. Mais que la Justice et la presse n'aillent pas voir plus loin que les apparences c'est consternant. Et inquiétant.

Opticon.