Bois Vidal ou l'opération foireuse qui n'a rien coûté à la Ville

Et qui laisse même un petit bénéfice ponctuel (10ème partie)


Dès les premiers temps après son installation à la tête de la mairie, le Zéro-Dord a pris un soin tout particulier à recenser les propriétés immobilières communales susceptibles d’être cédées au secteur privé.
Une liste exhaustive en est aujourd'hui quasiment impossible à réaliser tant les ventes de biens de peu de valeur encadraient des cessions de propriétés plus importantes.




Par exemple: les anciens maires avaient acquis par droit de préemption un certain nombre de garages un peu partout dans la ville
, sans doute dans le seul but de d'investir en vue de jours plus difficiles. Ils avaient aussi acquis, dans les mêmes conditions, quelques bouts de terrain ou des maisons individuelles anciennes. Ce furent les premiers biens à être cédés à des propriétaires privés dès la première année du mandat de Zéro-Dord. Ceci très discrètement, sans procédure particulière...

Ayant constaté que cela se passait sans problème, le nouveau maire s’enhardit au point de frôler la correctionnelle, façon de parler, bien entendu. Car jamais la justice ne se mêla de ces cession qui sans sécession n'ont pas cessé, c'est sûr. Y compris quand Zéro-Dord céda, dans des conditions très particulières, trois hectares du Bois Vidal à un particulier aixois de sa connaissance.
Cette affaire, improprement restée dans l'histoire sous le nom de la Crémaillère, fit scandale et se termina par un flop monumental. En voici la trame...



En décembre 2001, moins d’un an après avoir décroché la timbale, le nouveau maire décida donc de vendre 30.000 mètres carrés de ce site exceptionnel, et jusque là protégé, du Bois Vidal. L'acquéreur était un monsieur G., ancien expert comptable, qui avait soutenu le candidat Dord pendant sa campagne municipale. En réalité, ce ne fut pas à proprement parler une vente mais un échange avec soulte.
Ce magnifique terrain destiné par Zéro-Dord à la promotion immobilière fut ainsi échangé contre une ancienne demeure difficilement vendable, laquelle est devenue depuis le refuge de la police municipale.



En plus de la cession de cette maison, l’acquéreur devait verser une « soulte » d’un peu plus de cent mille euros. Ce qui mettait, grosso modo, le prix du mètre carré du site de la Crémaillère (Bois Vidal) à moins de quinze euros. Un tarif exceptionnellement et ridiculement bas!


L’affaire fit grand bruit et entraîna même un élu de l’opposition devant les tribunaux pour avoir écrit dans un pamphlet ce que tout bon observateur pensait de cette transaction extraordinaire. Un épisode qui mérite d'être conté.

Poursuivi pour diffamation par le nouveau et chatouilleux nouveau maire, le leader de l'opposition de gauche se retrouva un après-midi à la barre du tribunal de Chambéry pour répondre de ce crime de lèse-majesté. On assista alors à une parodie de justice comme pas croyable au cours de laquelle l'avocat de Zéro-Dord se plut à expliquer aux magistrats ébaubis que son client était un homme remarquable et qui avait bien du mérite, ceci pour une raison inattendue. On cite textuellement le baveux, ouvrons les guillemets: "parce qu'il est le père de quatre filles et que je sais ce que c'est puisque moi-même j'en ai trois". Fermons les guillemets. C'est dire dans quelle ambiance foutraque se déroula l'audience. Dans ces conditions, il n'y eût rien d'étonnant à ce que le pauvre élu d'opposition fût condamné à verser des dommages pour diffamation envers la victime reconnue par les juges.


Néanmoins, Zéro-Dord hésita longtemps avant de concrétiser cette vente, la suite ayant facilement démontré à quel point le représentant de l'opposition avait été en dessous de la vérité, n'en déplaise aux magistrats. 


Cinq ans. le Zéro patienta cinq ans avant d’aller, en catimini, signer l’acte de vente chez un notaire chambérien. Seulement voilà, l’évaluation du Service des Domaines approuvant le prix de cession était datée de décembre 2001 et ce document indispensable n'était valable qu'un an. De fait vendre  le terrain en avril 2006 au vu d’une estimation périmée depuis décembre 2002 rendait cette vente totalement illégale. Zéro-Dord tout comme le notaire ne pouvaient l'ignorer. Ils passèrent outre.
Que fit alors la justice quand un ancien maire lui soumit l’affaire? Rien. Elle ne fit rien. En Savoie Dame Justice n'est pas seulement aveugle. Elle est parfois aussi sourde et muette.



Ainsi en 2006 Monsieur G. a enfin pu se croire le légitime propriétaire d’un magnifique terrain constructible de 3 hectares dont la valeur intrinsèque était estimée à plusieurs millions d’euros. Et sur lequel il allait pouvoir réaliser un patrimoine bâti de plusieurs milliers de mètres carrés.
Il patienta encore un peu, et déposa un jour, par l’intermédiaire d’un promoteur, une demande de permis de construire, laquelle fut acceptée sans difficulté par la mairie. Mais les temps avaient changé. L’humeur publique était alors à la défense de l’environnement. Un petit groupe s’empara de l’affaire et fit monter la pression pour que le Bois Vidal ne soit pas entaché par ces nouvelles constructions. 

Des manifestations eurent lieu sur le site qui se décora de pancartes dénonçant le projet immobilier.

On était alors très proche d’une nouvelle élection municipale. Zéro-Dord se dégonfla et reconnut que, tout compte fait, ces constructions n’étaient pas très judicieuses. Il y eut une nouvelle enquête d'utilité publique. Puis encore un peu de remue-ménage et même un recours contre le permis.
Et puis le projet fut tout simplement abandonné.
Adieu l'hôtel, le restaurant, le centre aqua-thermal et autres appartements de luxe. Adieu aussi l'installation d'une unité de production de produits esthétiques et de santé. Tous projets créateurs de plus de 150 emplois comme Zéro-Dord l'avait promis en décembre 2001 pour justifier la cession de ce site à vil prix.

Depuis le terrain sert de pré à la race chevaline. Ce fut sans doute la seule fois où une affaire immobilière ne tourna pas en faveur d’un « client » choisi par le maire. Comme quoi quand les citoyens le veulent, ils peuvent faire changer d’avis des

 politiciens plus soucieux de leur carrière et de leurs affaires que de la parole donnée.

Conclusion: avec ce ratage monumental, c'est sans doute la seule fois où, sous Zéro-Dord, la Ville a réalisé une bonne opération avec une vente immobilière. En effet, les trois hectares cédés, bien qu'appartenant toujours à un privé, continuent, pour les promeneurs et les visiteurs, de constituer une partie du Bois Vidal. Un peu comme si ils relevaient toujours de la propriété publique. De son côté la mairie, non seulement à encaissé une "soulte" de 160.000 euros mais elle a obtenu en sus, sans bourse délier, la maison où est installée la Police Municipale, dont la valeur avait été estimée à 240.000 euros.
Bref, sans le faire exprès, bien au contraire, dans cette opération scabreuse, Zéro-Dord aurait fait gagner 400.000 euros à la collectivité.
Cela reste toutefois une paille à côté de ce qu'il a laissé comme déficit...