Voici un petit jeu auquel ceux qui ont connu et aimé Aix-les-Bains au siècle dernier vont pouvoir s’adonner.
Il consiste à rechercher sur Google des photos des sites qu’ils ont pu apprécier, des lieux où ils ont passé d’agréables moments ou des bâtiments qui ont pu retenir jadis leur attention et qui ont disparu. On va proposer ici deux exemples: l’Hôtel des Platanes et la Villa Chaberty.
Quiconque, jusqu'au tout début de ce siècle, a fréquenté un jour, et surtout un soir de saison estivale le quartier du Petit Port, a forcément été attiré par un site remarquable.
Quand la nuit tombait, il s’enluminait de guirlandes multicolores accrochées à des platanes quasi centenaires tandis qu’un petit orchestre jouait une musique légère et joyeuse qui emplissait l’atmosphère. Des tables dressées sur une terrasse ouverte accueillaient une clientèle amoureuse de ce décor de rêve et des bons petits plats préparés par un vrai chef et servis par un personnel à la fois stylé et bon enfant.
Combien d’Aixois et de touristes ont gardé de ces lieux un merveilleux souvenir? Des milliers sans doute.
L’endroit avait un nom qui courrait sur toutes les lèvres: Hôtel des Platanes.
Un peu nostalgiques, on s’est rendus sur Google pour retrouver des photos de ces lieux, de ces photos qu’une clientèle ravie publiait alors sur ce qu’on n’appelait pas encore des réseaux sociaux. Et que croyez-vous que l’on trouvât? Rien. Rien de rien!
Pas une image, pas un commentaire, rien. Comme si ce lieu enchanteur n’avait jamais existé.
Seul le site officiel du Patrimoine de la région Auvergne Rhone Alpes, qui recense les lieux jadis classés, accorde une courte mention à cet hôtel restaurant, image de la douceur de vivre d’un temps révolu. Une mention tout juste accompagnée d’une photo qui ne reflète pas la qualité d’accueil qu’offrait jadis le site mais que les anciens Aixois reconnaîtront facilement.
C’est une vue prise depuis l’arrière de l’hôtel, pas la plus flatteuse mais sans doute la mieux identifiable pour les anciens.
Quant à la Villa Chaberty, elle aussi inscrite au patrimoine de la Région, on n’en trouve plus trace non plus sur Google.
Seul l’inventaire officiel régional y accorde une modeste place avec cette unique photo et cette légende: Cette maison a été construite, entre 1948 et 1951, pour l'hôtelier-restaurateur Pierre Chaberty d'après les plans de l'architecte Charles Foray, sur un terrain non bâti jusque là au lieu-dit Champ-Gagnière. Achetée par la Ville en 1971 dans le cadre des projets d'aménagement des bords du lac, elle a été utilisée jusque dans la première décennie du XXIe siècle comme logement de fonction pour le directeur général des services.
source: patrimoine.auvergnerhonealpes.fr/dossier/IA73001637
Cette propriété de la Ville et l’Hôtel des Platanes ont depuis été rasés tout comme de plus modestes demeures environnantes. En y ajoutant les terrains des jardins ouvriers qui les encadraient, les lieux sont devenus le symbole du prétendu renouveau de la ville sous les mandats de Zéro-Dord. Ils furent cédés à des promoteurs immobiliers de sa connaissance, des sociétés parfois venues de loin avec des capitaux à placer très vite.
A combien serait évalué aujourd'hui le patrimoine foncier cédé aux boulimiques promoteurs? Au moins trois millions d’euros, sans doute davantage.
La part communale de cet argent a été vite engloutie, sachant que ceci n’est qu’un des multiples exemples de cessions du patrimoine public, parfois à vil prix, qui a marqué la période Zéro-Dord. La folie de l’aventure immobilière. On y reviendra.
Si l’on s’est surtout attardé ici sur l’Hôtel des Platanes et la Villa Chaberty, c’est en découvrant que leur passé et leur histoire, qui ont pourtant incontestablement marqué la vie aixoise, ont été rayés de la mémoire googolienne.
Rayés? Oui, rayés. Supprimés, si on préfère car dans ce journal on se souvient qu’il y a quelques années encore on trouvait sur Internet des images du passé heureux des Platanes et des vues diverses et variées de la Ville Chaberty.
Une mauvaise langue nous a raconté qu’à la mairie il y aurait des gens dont l’activité consisterait à faire retirer de Google tout ce qui pourrait rappeler l’ancienne grandeur, l’ancienne beauté, d’Aix-les-Bains. Ceci afin que les comparaisons n’apparaissent en défaveur de ce qui a été fait sur la ville depuis ces années 2000. Mais on n’en a rien cru, bien sûr.
Du passé, faisons table rase, c’est juste une devise de révolutionnaires.
Allez, pour la bonne bouche, on propose une photo aérienne de la plage d’Aix-les-Bains et de sa piscine prise au début des années soixante dix. Une photo extraite du site du patrimoine régional et qui a échappé à la censure?
Elle était belle la plage aixoise de jadis
, n'est-il pas?