L'IMMOBILIER AIXOIS OU LA SOLLAR DE VIVRE

6ème partie: Que n'est-on prêt à sacrifier pour plaire à ses amis...


Dans un épisode précédent on a vu dans quelles conditions Zéro-Dord avait cédé à prix d'ami les 250 logements sociaux de la SAEMCARRA à la Sollar. Voilà une société lyonnaise qui n’a eu qu’à se féliciter de ses bonnes relations avec le député-maire UMP, un familier lui aussi de Lyon.



Inconnue jusqu’alors sur le territoire aixois, la Sollar s’est soudain vue attribuer son lot de permis d'y construire toutes sortes de résidences. Mais son premier joli coup fut sans doute l'opération réalisée sur un site appartenant à la municipalité, en plein centre ville...





Depuis, ses constructions enchaînées occupent la quasi totalité de la partie du bd Wilson qui jouxte la voie ferrée:


Entre le Boulevard Wilson et la voie ferrée existait depuis des années un parking public (et gratuit) en mesure d’accueillir quelque 150 véhicules, et sans doute bien davantage avec quelques aménagements. La gare étant toute proche, ce parking faisait le bonheur de ceux qui prenaient le train pour la journée ou pour quelques jours. Cela n’allait pas durer.
En 2008 Zéro-Dord entreprit de céder le terrain à la promotion immobilière privée, son dada.



C'était au début de son second mandat. Revigoré par la confiance que les électeurs crédules lui avaient confirmée, il s’apprêtait à laisser libre cours à cette passion. Le parking du Boulevard Wilson lui en offrait une occasion en or même si l’affaire fut plus compliquée que prévu.
En effet, la SNCF étant propriétaire d’une bande de terrain qui longeait la voie ferrée, son acquiescement au projet était indispensable. On assista alors à un invraisemblable marché au terme duquel la mairie s’engageait à participer financièrement à la rénovation du passage à niveau de l’avenue de Tresserve. En foi de quoi la SNCF enlevait tout obstacle à la promotion immobilière.

Encore une fois, les contribuables furent mis à contribution dans un montage tellement compliqué que plus personne n’y comprenait rien. 
De fait, le premier promoteur retenu jeta l’éponge et Zéro-Dord se tourna tout naturellement vers la Sollar pour réaliser son projet de construction. Le prix de la cession resta, lui, inchangé, soit 1,2 million d’euros pour une capacité de plancher à construire de 10.300 mètres carrés, plus deux niveaux en souterrain. Soit un droit à construire à 116 euros le mètre carré pour un immeuble en centre ville. Un vrai prix d’ami. Sans oublier les deux parkings souterrain de 250 places. Vraiment une excellente affaire pour le promoteur.
Extrait d'une délibération de l'époque:



Restait à régler le problème du parking public gratuit qui allait être supprimé, ce qui ne manquait pas de faire des mécontents parmi les usagers en général et les Aixois en particulier.
Qu’à cela ne tienne, Zéro-Dord les rassura et leur promit que l'on maintiendrait, sous l'immeuble à construire, un parking souterrain rien que pour eux. De surcroît, ce parking serait géré par la Ville, parole de politicien rompu à ce genre d’exercice. Ce fut même acté dans un document officiel présenté au conseil municipal, ceci avant d'être totalement démenti par les faits.




Devenue propriétaire du site, la Sollar fit bien s’élever des immeubles à usage de logements, de commerces ou de service, le tout sur un double parking souterrain. Lequel parking ne fut jamais géré par la Ville ni non plus mis à la disposition des usagers de la gare ou des clients du centre ville. La Sollar a préféré louer les emplacements à l’année. Ceci en dépit de la promesse confirmée par l'engagement municipal dont cet extrait ci-dessous:
NB: On ne sait plus à propos de qui le dialoguiste Michel Audiard faisait dire que les cons ça ose tout, c'est même à cela qu'on les reconnait mais on ne se demande plus à qui on pourrait depuis l'appliquer.

Les Aixois commençaient à découvrir ce que valaient les promesses de leur maire. Seuls les locataires des logements sociaux réalisés par la Sollar eurent droit de solliciter un emplacement de stationnement, avec loyer en sus. Quant aux locaux dits commerciaux, ils trouvèrent difficilement preneurs. Qu’à cela ne tienne, des services publics, y compris de l’Etat, vinrent les occuper pour les rentabiliser au profit du bailleur, la Sollar.


Les amours entre la Sollar et Zéro-Dord connurent alors leur période bleue. C’est un peu plus tard que la société lyonnaise, comme on l’a vu précédemment, récupéra aux moindres frais le potentiel de 250 appartements de la Saemcarra. C’est encore un peu plus tard qu’elle participa à l’extension immobilière de la ville sur les rives du Boulevard F. Roosevelt, en dépit de quelques protestations de riverains qui voyaient leur villa s’entourer de béton.



En résumé de cet épisode, on constate que la mairie a cédé en centre ville un patrimoine immobilier ancestral pour 1,2 million d’euros et s’est empressée de dépenser cet argent au quotidien, non sans en avoir reversé une bonne part, indirectement, à la SNCF pour la réfection d’un passage à niveau. Soit encore une très mauvaise opération financière au détriment de la Ville et de ses contribuables.



Ce qui n’empêcha pas Zéro-Dord, avec l’aimable soutien de Zéro-Bis, son premier adjoint, de poursuivre sa mission consistant à vendre au privé tout ce que la ville comptait de propriétés immobilières municipales disponibles.
L’inventaire ne fait que commencer.



A suivre