Chronique de la guerre picrocholine épisode 2
Jusqu'ici elle
avait fait un sans-faute. De sa jeunesse et de son inexpérience elle en
avait tiré une règle: la discrétion. On ne l'entendait jamais. On la
voyait à peine. Sinon lors de quelques apparitions pour des cérémonies
patriotiques.
Entre le grand Dominique Dord et le plus enveloppé Renaud
Beretti sa silhouette gracile passait presque inaperçue. Au point que
certains l'avaient affectueusement surnommée Fantômette.
Quant à la
vingtaine de volontaires qui se relayaient pour faire la claque lors de
ses rares réunions publiques, ils ne manquaient jamais de mettre cette
discrétion sur le compte de la modestie. Bref, après deux ans et demi de
mandat dans l'anonymat le plus complet, Typhanie Degois était en train
de nous démontrer à quel point le député de la 1ère circonscription de
Savoie pouvait être inutile. De quoi rabaisser sévèrement le caquet de
son prédécesseur.
Elle aurait pu ainsi poursuivre jusqu'en juin 2022 et
quitter la scène politique sans que personne n'eut jamais retenu son nom
et puis... Et puis ce fut la boulette, la gaffe, le piège (involontaire)
tendu par le dauphiné libéré.
Quelle mouche l'a donc piquée ?
C'était mercredi, juste après la
conférence de presse de Marina Ferrari annonçant qu'elle constituerait
sa liste aux prochaines municipales avec le soutien du MoDem et de la
République en Marche. Le journaliste du daubé, -que lui était-il passé
par la tête- eut l'idée saugenue de demander à T. Degois, alias Fantômette, son
avis sur le choix de la Ferrari. Il s'attendait sans doute à ce que la
jeune femme, fidèle à sa réputation de modestie, lui réponde que ce
n'était pas le rôle d'une députée de donner son avis sur les choix des
candidats aux municipales de la circonscription. Plus modeste encore,
qu'elle réponde qu'habitant le petit village de Motz elle
n'avait pas la prétention d'évoquer ses préférences pour la ville
d'Aix-les-Bains. Et c'eut été bien. Mais quelle mouche a soudain piqué
Fantômette ?
Aux questions du daubé, la voilà qui répond qu'elle
n'approuve pas le choix d'En Marche en faveur de Ferrari et qu'elle ne
soutiendra pas sa candidature. Ah, bon, parce qu'elle pense soudain que
son "soutien" peut avoir une importance? Et là voilà qui rajoute que tout cela ce
sont des manoeuvres de parti avec lesquelles elle est en désaccord. Ben tiens...
Que
voilà une bien étrange critique sur les comportements des partis en général et d'En Marche en particulier. Surtout
quand cela vient d'une étudiante sans bagages politiques qui a été élue député uniquement parce
qu'elle avait été autorisée à mettre la photo de Macron sur sa
profession de foi alors que d'autres candidats plus sérieux avaient été
blackboulés par En Marche. Une jeunette qui avait été désignée uniquement parce
que J-P Delevoye (le patron des investitures de l'époque pour En Marche)
avait estimé que c'était elle qui représentait le moindre danger pour
son copain de l'ex-UMP, le sortant Dord! (Comme pour sa réforme des retraites, Delevoye n'avait pas mesuré le désamour des citoyens)
Si l'on ajoute à cela que les propos de la députée par accident ont
été immédiatement désavoués dans le même article par un aussi illustre
inconnu qu'elle, on ne peut qu'en tirer une conclusion.
En se
prononçant contre l'investiture par son parti de Marina Ferrari aux
municipales et en ajoutant qu'elle n'excluait pas de préparer un projet pour Aix avec... Beretti (Dord appréciera sûrement) Fantômette a non seulement manqué une belle occasion de se
taire mais elle y a sans doute gagné un nouveau surnom: Degois j'me
mêle?
La guerre picrocholine* pour la mairie d'Aix-les-Bains vient de faire sa première victime. Et on n'a pas fini de rire.
*Le rire est le propre de l'homme, selon François Rabelais. Surtout quand la femme s'en mêle aurait-il pu ajouter.