L'affaire est presque banale. Lors de l'examen des comptes de la Ville
de Lyon, les contrôleur de la Chambre Régionale des Comptes (CRC) ont relevé que des salaires importants avaient été versés à une proche
du maire Gérard Collomb sans que l'on puisse trouver trace d'une quelconque activité
au service de la collectivité de la part de cette recrue.
En d'autres
termes on pourrait appeler cela un emploi présumé fictif.
L'affaire fait actuellement quelque bruit dans le landerneau politique. Déjà de grands médias nationaux s'y sont intéressés en signalant que l'actuel maire de Lyon faisait l'objet d'un rapport accablant de la CRC et même d'une enquête du Parquet national financier. Une réunion très agitée du conseil municipal de Lyon cette semaine a remis un peu d'huile sur le feu, l'opposition lyonnaise, de droite comme de gauche, ayant repris les accusations d'emploi fictif à son compte.
On résume: la CRC découvre qu'une recrue proche du maire de Lyon a été payée par la collectivité publique sans que le maire-employeur puisse justifier d'une quelconque activité de cette recrue au bénéfice de la collectivité et c'est cela qui met en émoi la justice, la presse et le petit monde politique.
Quand on lit cela on ne peut que s'étonner de l'acharnement de ces trois institutions (justice, politique et presse) envers un homme qui n'a fait qu'appliquer ce que font de nombreux élus qui, eux, échappent aux poursuites. Un exemple..?
En février 2018, la CRC Rhône-Alpes-Auvergne publiait un rapport accablant sur la façon avec laquelle Dominique Dord avait géré les finances de l'office de tourisme d'Aix-les-Bains. Deux pages y étaient notamment consacrées à une embrouille qui présente bien des similitudes avec ce qui s'est passé à Lyon.
Des faits qui ressemblent étrangement à ceux reprochés à G. Collomb.
Le 1er juillet 2008, Dominique Dord, maire d'Aix-les-Bains et président de l'Office de tourisme recrute comme chargé de mission auprès de l'OT l'ancien directeur de cet Office qui a été élu trois mois plus tôt maire de Belley (Ain). Les deux hommes entretenaient depuis des années des relations très cordiales.
Pendant deux ans et demi ce chargé de mission va être confortablement rémunéré par l'Office et bénéficiera des avantages liés à sa fonction comme remboursements de frais, téléphone, voiture de fonction, etc. Et quand en décembre 2010 il décidera de quitter ses fonctions, ce sera avec une très confortable indemnité de départ (99.000 euros et 10 cents selon la CRC). En tout cette plaisanterie aura coûté pas loin de 300.000 euros aux contribuables.
Le problème, selon la CRC, c'est que personne n'a été en mesure de justifier en quoi consistait l'activité de ce chargé de mission au sein de l'office de tourisme, confer l'extrait-ci-dessous.
Trois courriers en trois ans, un diaporama inutile et une étude... sur l'avenir des Anciens thermes (gag) que personne n'a lue.
Comme le rapporte la CRC, il n'existe aucune trace d'un quelconque document de travail qui aurait été réalisé par le chargé de mission dans l'intérêt de l'Office. Interrogé sur cette absence de preuve de travail, Dord aurait répondu que l'essentiel de l'activité du maire de Belley aurait été consacrée non pas à l'OT mais à la Ville. Mais là encore, à l'exception d'un mystérieux rapport que personne n'a jamais lu, rien de probant à l'appui d'une véritable activité. Et puis de toute façon, comme le souligne le rapport, travailler pour la mairie en étant payé par l'office de tourisme, ce n'est pas du tout conforme au droit.
Voilà qui ressemble beaucoup au scénario qui, à Lyon, met en émoi le petit monde politico-médiatico-judiciaire. Et à Aix-les-Bains alors?
Eh bien, à Aix-les-Bains, rien! Le préfet a reçu le rapport mais apparemment ne s'y est pas attardé*. Le procureur de la république a été saisi il y a six mois de l'affaire par une association de contribuables mais il n'a toujours pas fait savoir s'il entendait y donner une suite**. Pour ce qui est du Parquet national financier qui a organisé des perquisitions à Lyon personne n'en a jamais entendu parler en Savoie. Enfin les partis politiques locaux, droite et gauche confondues, n'ont pas cru utile de s'intéresser à cette histoire. Quant à la presse institutionnelle...
Bref, Dord semble encore une fois passer à travers les gouttes.
De quoi s'écrier: Ben, mon Collomb !
* On rappelle que selon l'article 40 du code de procédure pénale toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui,
dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou
d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la
République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements,
procès-verbaux et actes qui y sont relatifs.
** Toujours selon le même code en son article 40-2, le procureur est tenu d'aviser les plaignants des suites qu'il a réservées à leur signalement. Lorsqu'il décide de classer sans suite la procédure, il les avise
également de sa décision en indiquant les raisons juridiques ou
d'opportunité qui la justifient.