MONSIEUR LE MAIRE,
Par courrier personnel et bien timbré (humour), vous m'avez adressé la proposition suivante:
Vous me proposez ainsi de "m'offrir" soit un repas, soit un colis de Noël, c'est à moi de choisir.
Permettez-moi (c'est juste une figure de style) de vous expliquer les raisons qui font que je vais décliner votre proposition.
Déjà, d'un simple point de vue humaniste, je trouve très désobligeant de considérer qu'il existerait deux catégories de citoyens, les "aînés" et les autres. Quelle marque de ségrégation! Comme si, une fois atteint un "certain" âge, on devait entrer dans la catégorie des "assistés". Cette forme de discrimination est d'autant plus consternante dans une commune comme Tresserve où le revenu moyen est l'un des plus élevé du département.
En ces temps de réelle précarité, nul doute qu'il y ait à Tresserve des gens dans la vraie difficulté et qui n'osent pas aller chercher des secours. Et il s'y trouverait des gens "nantis" qui, eux, oseraient se déplacer sans honte pour aller chercher leur "colis des vieux". Les bras m'en tombent comme dirait la Vénus de Milo. Va-t-on se croire à Levallois-Perret?
Il est possible, sinon probable, que chez les électeurs, même les plus aisés, certains seront sensibles à ces présumées petites attentions et qu'ils vous en seront redevables... bien qu'elles soient financées par l'ensemble des contribuables. Je ne puis que déplorer cette forme de clientélisme.
Personnellement, plutôt qu'une invitation aux seuls aînés, je pense que, dans un souci de partage et de convivialité, la mairie pourrait inviter (par tirage au sort, pourquoi pas) des gens de toutes générations afin de partager un moment convivial, chacun payant son écot, au moins pour ceux qui le peuvent.
Vous me permettrez aussi (figure de style) de sourire en constatant que lors d'un possible prochain mandat (puisque vous souhaitez vous représenter en mars 2020) vous entreriez à votre tour dans la catégorie des "aînés". Vous enverriez-vous une invitation à recevoir un colis? Et qui vous le remettrait?
Plus sérieusement, et à titre plus personnel, je me demande comment vous avez osé me proposer un repas ou un colis gratuits alors qu'il y a quelques mois vous n'avez pas hésité à faire saisir mon compte en banque (ou plutôt celui de mon épouse) pour récupérer 700 euros. Cette manoeuvre était d'autant plus discutable que vous ne pouviez ignorer que cette prétendue "dette" résultait d'un jugement dont, par un étrange concours (sic) de circonstances, je n'ai jamais reçu la notification. Et pas davantage de votre part comme la loi vous en faisait pourtant obligation. Ce qui m'a privé de la possibilité d'en interjeter appel. Vous ne pouviez l'ignorer mais vous avez quand même ordonné la saisie bancaire. Et cela alors que la même affaire est toujours pendante devant le tribunal administratif de Grenoble où je persiste à réclamer une régulière rémunération pour une mission que j'ai parfaitement exécutée dans l'intérêt de la collectivité.
J'ajouterai que vous avez refusé toutes mes propositions de conciliation et que vous avez préféré saisir deux cabinets d'avocats qui vont coûter des milliers d'euros aux contribuables en faisant traîner les affaires en justice.
N'espérant pas un seul instant que mes explications vous feront admettre à quel point votre proposition de m'offrir un repas ou un colis m'est apparue indécente, je conclurai sur une note d'humour, en vous disant, en guise de salutations, "Balkany*, sors de ce corps".
Jacques Girard
N.B. * je ne fais, bien entendu, ici écho qu'à la légendaire propension du personnage embastillé à faire des cadeaux aux "petits vieux" de sa commune.