Grand-Lac: Tentative d'enfumage autour d'un complot raté

Machiavel a fait école


Dès le soir du psychodrame à Grand-Lac, qui a vu Corine Casanova, une ex-protégée de Dord, tout près d’être privée de son poste de vice-présidente au profit d’un inattendu candidat socialiste (voir la mise en ligne d’hier), l’entourage du député-maire-président a préparé ses éléments de langage. Il fallait persuader tout le monde et la presse que si le socialiste André Gimenez avait obtenu 32 voix (sur 64 suffrages exprimés) dans une assemblée d’élus majoritairement à droite, c’était parce que les délégués des communes périphériques avaient profité de cette occasion pour protester contre la politique des Transports menée par Corine Casanova quand elle était vice-présidente à la CALB, chargée des Transports. Une tentative d’explication qui va faire long feu...

Tout le monde, dans le microcosme politique local, sait qu’à la CALB, comme à Grand-Lac demain, il n’y a que deux personnes, en dehors du directeur général des services,  en mesure de prendre de telles décisions ou de les infléchir : le président et le 1er vice-président. Les autres élus, vice-présidents compris, ne jouent bien souvent que les utilités, quand ce n’est pas les idiots utiles. La plupart d’entre eux ne participent aux décisions qu’une fois qu’elles ont été programmées et cadrées bien en amont. Si bien que devant le conseil communautaire, le rôle de ces élus secondaires ne consiste bien souvent qu’à lire, parfois laborieusement,  sinon en ânonnant, la délibération que les services auront rédigée pour eux. Ça se passe comme cela à la CALB comme à la mairie d'Aix-les-Bains...

Ce n’était donc pas Corine Casanova, déjà bien empêtrée dans ses problèmes immobiliers aixois, qui un jour, sous son chapeau, avait pris la décision de supprimer des lignes de bus ou d’en offrir une gratuitement à Valvital ou encore de financer, à la place de RATP-DEV, l’achat de quatre bus.
Ces décisions ont été prises par le président et elles ont été avalisées par le premier vice-président chargé des Finances. Dans ces conditions, si certains délégués avaient voulu régler des comptes à propos des transports urbains, en toute logique, c’est d’abord par ces deux là que cela aurait commencé. Or, jeudi soir, D. Dord et (surtout) J-C Loiseau, ont été (ré)élus très confortablement, y compris par une large majorité des délégués des communes périphériques.
Dès lors, tenter de prétendre que ce serait pour protester contre la politique des Transports que des délégués auraient voté contre Corine Casanova pour la 13 ème vice-présidence relève de la mascarade. Un leurre. Un de plus...

Dord et Gimenez, une étonnante proximité qui ne date pas d'hier.

Une autre raison rend cette explication invraisemblable. En effet, c’est seulement une fois que les vice-présidents sont élus que le président peut leur accorder, ou pas, une délégation. Ainsi, au moment de son élection, nul ne sait si tel vice-président va recevoir une délégation, encore moins laquelle. De fait, quand ce grand enfumeur de Gimenez prétend que s’il s’est présenté à la 13
ème vice-présidence, c’était juste pour obtenir la délégation aux Transports, et non pas pour virer Corine Casanova, c’est de la foutaise. Du foutage de gueule comme on dit dans le blog où il intervient régulièrement depuis quelques années.

Dord et un Gimenez tout sourire faisant presque de l'ombre à Beretti, cette étonnante proximité ne date pas d'hier.


Si le socialiste Gimenez avait voulu (et cru pouvoir) être élu vice-président par ses pairs de droite, et ceci uniquement sur ses qualités intrinsèques, il n’aurait pas attendu la 13ème vice-présidence pour présenter sa candidature. Il se serait présenté à chaque élection à compter de la deuxième vice-présidence. En précisant à chaque fois « Ce n’est pas contre Monsieur ou Madame Machin mais parce que je souhaite pouvoir gérer les Transports ». En attendant le 13 ème vote pour annoncer sa candidature, il a de lui-même dévoilé le pot aux roses. Sa mission consistait à virer la Casanova, cela semble évident. La prochaine fois Dord devra-t-il se chercher des comparses plus finauds?

Tout cela accrédite donc la thèse de la manigance entre Dominique Dord et son prétendu opposant socialiste à la mairie d’Aix les Bains. On tentera d’en expliquer les motivations un peu plus tard.
 

Reste alors une autre question : si le coup était monté par Dord, pourquoi ce dernier aurait-il ostensiblement, sous les yeux de tous, lors d’une suspension de séance, tenu un conciliabule privé de plusieurs minutes avec Gimenez comme cela a été filmé ?


Pourquoi Dord n’a-t-il pas choisi de faire cela discrètement ? On n’y voit qu’une explication qui relève d’un art de gouverner vieux de plus de cinq siècles.

Cela fait maintenant 16 ans que Dord règne, à la mairie d'Aix les Bains, en maître absolu sur une assemblée de béni-oui-oui auxquels il a fait tout avaler. Huit ans qu’il se comporte de même avec les représentants soumis de la communauté d’agglo. Dord a pris un tel ascendant sur ces petits élus que nombreux le craignent et redoutent de le contrarier. On se souvient comment, en 2008, alors qu’une majorité de ces élus avaient promis de voter pour le maire de Grésy à la présidence de la CALB, Dord les avait quasiment convoqués un par un et les avait retournés comme des crêpes. Toute honte bue, ceux-là s’étaient couchés et avaient fini par accepter de voter unanimement pour lui.
En Prince qui gouverne, Dord ne peut pas se permettre de voir remis en cause cet ascendant sur ses élus subordonnés. Voilà pourquoi il a sans doute eu besoin que ceux-là le voient en grande discussion avec le socialiste, ceci afin que nul n’ignore qu’il n’était pas étranger à ce qui allait se jouer quelques minutes plus tard. Le besoin de prouver qu’en toutes circonstances, c’est lui qui garde le contrôle et que rien ne peut et ne pourra se faire dans cette institution sans qu’il n’en ait été averti et n’ait donné son feu vert.



Il y a cinq cents ans Machiavel avait déjà tout écrit : les sujets ne doivent jamais douter de la toute puissance du Prince qui les gouverne.
An sit melius amari quam timeri, vel e contra.
Vaut-il mieux être aimé que craint.
Dord a depuis longtemps fait son choix.



(à suivre)