Premier bilan d'un jeu de dupes
Prenons la gauche. Sans attendre les résultats complets, dimanche, à vingt heures et cinq minutes, par la voix de Melanchon, cette gauche du Nouveau Front populaire a annoncé qu'elle avait triomphé et qu'elle devait diriger le pays?
Un triomphe? Ah, bon. Peut-on rappeler que cette même gauche, sous l'appellation NUPES, totalisait 151 députés en juin 2022. Au soir du 7 juillet 2024 elle en compte 178. Bref, elle a essentiellement gagné... 27 sièges! Et comme la majorité à l'AN se situe à partir de 289 sièges, il lui en manque toujours plus d'une centaine pour être majoritaire. Mais elle a gagné. Elle a essentiellement gagné de l'argent en plus dans ses caisses.
Prenons le cas de la droite dite républicaine. Ce matin elle peut compter sur environ 80 députés, soit deux ou trois de plus qu'en 2022. Non seulement elle a sauvé les meubles mais elle devient incontournable en cas de recherche de majorité. Elle a donc gagné aussi.
Quant au Rassemblement national, malgré les apparences, c'est le grand vainqueur de cette élection de juillet 2024. Ceci pour deux raisons. D'abord il passe de 89 sièges à 143, soit un bond de 50%. C'est la meilleure progression de tous les partis. Soit 50% de financement en plus. Et c'est bien une victoire puisque dans le même temps le RN est débarrassé du poids qui pesait sur ses épaules. A savoir, en cas de majorité à l'Assemblée, de devoir diriger un pays financièrement exsangue, politiquement ingouvernable et socialement au bord du nervous break-down comme on disait chez Audiard/
Bref, ce matin Marine Le Pen est sans doute celle qui doit le plus apprécier ce qui s'est passé dimanche. D'abord parce que son Bardella (que l'on sentait gagné par une réelle ambition personnelle) est aujourd'hui sérieusement démonétisé. Ainsi, pendant que son pantin ira siéger (accessoirement) à Bruxelles, c'est elle qui va reprendre les rênes à Paris et préparer sa candidature pour 2027. Et cela sans avoir à se préoccuper de la gestion (impossible) du pays entretemps. Avec, de surcroît, un financement public quasiment doublé par rapport à 2022. Et en faisant tout pour ne pas être élue in fine, comme toujours...
Reste le sort du parti présidentiel. En 2022,
au lendemain de la présidentielle, il comptait 172 députés. Alors qu'il était totalement discrédité, qu'il avait à peine
recueilli 15% des voix aux européennes, il compte encore 150 députés ce
matin. Bref, il n'est pas beaucoup plus minoritaire que deux ans plus
tôt, ce qui ne l'avait pas empêché de conduire le pays (à sa perte). Mais il y a mieux. Du moins si l'on se place du côté de macron. Un macron qui doit se frotter les mains, lui qui était rejeté par une grande majorité de Français, le voici revenu au centre du jeu. Avec une Assemblée ingouvernable ça va être lui le prétendu gardien de nos institutions, avec l'aide de McKinsey, de Fabius, des Institutions européennes...
Et, quelque part, c'est la fin de la démocratie, ou au moins la fin d'une cinquième république qui remettait son sort dans les mains des Français, via les urnes. Ce système vient de démontrer son incapacité à gérer intelligemment les crises. C'est exactement ce que macron voulait démontrer. Avec macron d'un côté, Mélanchon de l'autre, le pouvoir totalitaire arrive à portée de main.
Et les Français dans tout cela?
Que peut ressentir ce matin un électeur de droite qui a voté pour un islamiste de gauche?
A quoi peut penser ce 8 juillet, en se réveillant, un électeur de gauche qui a voté pour faire réélire Darmanin ou Borne..?
Que peut éprouver comme ressentiment cet électeur qui ne supporte plus l'immigration incontrôlée et qui se rend compte de la supercherie qu'on lui a jouée avec la montée du RN..?
A l'évidence, dans ces magouillages et tripatouillages politiciens, les Français sont les cocus de l'histoire.
Et cela devrait se payer un jour, pas vraiment très éloigné. Comment?
Soit que les cocus se révoltent...
Soit qu'ils acceptent la soumission.
Joyeux dilemme.
Douce France, cher pays de mon enfance,
bercé de tendre insouciance,
je te garde dans mon coeur...
Que c'est loin tout cela!
Opticon
Dernière minute (12h35): macron vient de refuser la démission de G. Attal et de le maintenir Premier ministre en attendant... En attendant!
C'était prévu...