C'était un jour de fin d'été, presque d'automne. Notre voiture avait été arrêtée quelques instants sur la route vers la vallée pour laisser le passage à des moutons redescendant des alpages. Le troupeau avançait en rangs serrés, dans une même direction, sans s'écarter du chemin tracé par trois chiens, dont deux patous. Pas un seul des ovins ne tentait une évasion.
Seuls quelques bêlements sonores pouvaient laisser croire à une ébauche de révolte, vaine tentative avortée avant même d'avoir commencé. Mon voisin au volant, un ancien paysan et qui revendiquait cette appellation, lâcha soudain ce commentaire "Quand on y réfléchit, c'est quand même con un mouton. Pour l'avoir éprouvé personnellement je peux t'assurer que ces bestiaux ont la tête dure. Mais vraiment dure. Même un patou ne résisterait pas longtemps à une charge de béliers en colère, même privés de leurs cornes. Eh bien, malgré cela, les moutons qui sont cent fois plus nombreux que les chiens, eh bien ils se laissent faire. Hier ils sont passés à la tonte. Demain ils passeront à la casserole..". Il laissa s'écouler un silence et conclut ainsi son propos. "Tu me diras que c'est un peu comme nous... A dire vrai, on est aussi cons que les moutons..."
Les moutons disparus, nous avons poursuivis la route. Mon voisin, naturellement peu bavard, s'est de nouveau réfugié dans le silence. Pendant le trajet qui nous restait à faire de concert, je repensais à sa métaphore nous comparant aux ovins. Je m'interrogeai intérieurement. En quoi étions nous aussi stupides que les moutons? Une question qui m'en amena une autre, puis une autre... Qui m'occupent depuis l'esprit...
Combien sont-ils à la tête de ce pays à pouvoir nous imposer leur seule volonté avec des mesures stupides, destructrices à la fois de nos libertés, de notre économie, de notre santé, de notre sécurité, de notre place dans le monde..? Car il est désormais évident que ces gens-là ont pour dessein de nous pourrir la vie. Ou, pour rester dans la parabole des moutons, de nous mener à une autre forme d'abattoir, ceci après nous avoir tondu jusqu'à l'os?
A l'instar des patous, minoritaires à un contre cent, mais menant quand même à leur guise le troupeau d'ovins, ces gens, tout en étant très minoritaires, réussissent à imposer leurs volontés au troupeau d'humains que nous sommes?
Ils sont peut-être quelques centaines, quelques milliers tout au plus. Et nous, nous sommes des millions. Des dizaines de millions. Autrement dit, nous sommes mille fois, dix mille fois plus nombreux. Que se passerait-il si demain, entraînés par quelques têtes dures, nous leur disions: ça suffit! Et que nous leur faisions comprendre que le pouvoir, c'est entre nos mains et dans nos têtes qu'il se trouve et que leur mascarade a suffisamment duré?
Voilà qui appelle réflexion, non?
(à suivre)
Laura CLE
Post scriptum: COLUCHE: Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ce serait interdit.