A l’heure des voeux...
Vous êtes l’un des 35.000 maires que compte aujourd’hui la France. Dans quelques jours vous
allez sans doute convoquer le ban est l’arrière ban de votre cité pour présenter solennellement
vos voeux.
Vous êtes peut-être aussi parmi ces rares élus, essentiellement locaux, qui bénéficient encore
d’un peu de considération de la part des simples citoyens. Alors c’est le moment de démontrer
que ceux-ci peuvent compter sur vous.
Est-ce un voeu pieux? A vous de le dire.
A l’aube de l’année nouvelle vous ne pouvez ignorer que la grande majorité des Français se prépare, plus ou moins sereinement, à vivre une période de grandes difficultés. Parmi les graves crises qui nous sont annoncées, celle de l’énergie va plus particulièrement frapper les communes, et plus particulièrement encore les communes moyennes ou petites.
Sans personnaliser le débat (et en précisant que les dirigeants de l’entreprise que je vais prendre
pour exemple ne m’ont rien demandé et ne sont pas informés de cette lettre) je prendrai le cas
d’une commune que je connais bien, Tresserve en Savoie.
Il y a à Tresserve une boulangerie-pâtisserie qui, par la qualité de ses productions, contribue
largement au renom et à la qualité de vie de la commune. Elle contribue aussi, soit dit en passant,
au financement de la municipalité.
Cette entreprise a réussi et prospéré grâce au travail de ses jeunes propriétaires qui y ont investi plus que de
l’argent. Hélas, tout comme celle de la majorité de ses semblables, la survie de cette boulangerie
est menacée en raison du surcoût annoncé des prix de l’électricité.
Je n’ai pas interrogé les boulangers tresserviens mais j’en ai questionné d’autres, dans d’autres
communes et dans d’autres régions où je passais. Ils s’attendent tous l’an prochain à voir leur
facture multipliée par deux, trois ou quatre par rapport à l’année écoulée. Beaucoup, ils me l’ont
dit, n’y survivront pas. Ou alors dans la douleur.
Le maire de Tresserve et ses semblables peuvent-ils concevoir que les boulangeries de leurs
communes disparaissent en raison d’un diktat imposé depuis l’extérieur de nos frontières?
Car il faut dire les choses comme elles sont: si les prix de l’électricité vont être multipliés par trois
ou quatre pour les boulangers (et autres artisans ou PME) c’est parce qu’une directive
européenne (entraînée par l’Allemagne) a contraint la France à pratiquer ces prix.
Pour que nos boulangeries et autres activités dépendant de l’énergie ne baissent pas le rideau il
suffirait que la France fasse comme d’autres pays européens, qu’elle refuse de se laisser diriger
par l’Etranger.
Bon, d’accord, mon propos est sommaire. J’en conviens et j’assume. Mais la réalité est là. C’est
parce que la France obéit à des directives qui sont prises ailleurs, sans consentement des
peuples, que de nombreuses entreprises françaises vont disparaitre. Ce qui entraînera un
marasme économique et social dont on n’a encore qu’une faible idée.
Pourquoi je vous écris cela? Parce que, comme les 35.000 maires de France, vous pouvez avoir
une voix qui porte et fasse qu’au plus haut niveau de l’Etat on prenne enfin conscience des
conséquences désastreuses et néfastes de mesures politiques irresponsables.
Je suis persuadé que si, demain, une majorité des 35.000 maires de France se soulevait,
pacifiquement parlant, le sort de nos boulangers et artisans ou PME serait revu et corrigé.
Seul, vous n’êtes rien. Ensemble vous avez le moyen de changer les choses. Si vous cherchez
des idées d’actions, je peux vous en suggérer.
En attendant, sachez que si vous ne faites rien, vous serez bientôt désigné comme le co-responsable de la prochaine disparition de la vie sociale dans la commune que vous administrez.
Et on saura vous le rappeler.
Je n’ose pas vous souhaiter une bonne année.
Jacques Girard
Post scriptum: Depuis la mise en ligne de cet article (et sans prétendre affirmer qu'il y a un lien certain et pourtant...) ça commence à remuer chez les élus de base. Pour preuve, des rappels circulent signalant ce site créé par le maire de Neuilly sur Marne qui en appelle à ses collègues. On se fait un devoir d'y faire écho: https://stopracketenergie.fr/
Continuez à faire suivre autour de vous.