I had a dream
Vers une sixième république enfin représentative ?
On nous prie de communiquer:
L’arrivée des gilets jaunes a au moins fait prendre conscience d’une triste
réalité, à savoir que notre système prétendument démocratique confine à
l’absurde. En effet, il est impossible aujourd’hui de prétendre devant les
Français que le président élu en mai 2017, soi disant démocratiquement, était
bien la personne la plus qualifiée pour diriger le pays. Davantage président
que lui, ça ne devait pourtant pas être difficile à trouver...
Dans la même veine, plus personne désormais n’oserait affirmer que Messieurs Dord et Beretti étaient les personnes les mieux qualifiées pour prendre des décisions au nom de tous les Aixois. Ce serait d’ailleurs faire gravement insulte à l’ensemble des Aixois de laisser croire qu'il n’y aurait pas, parmi tous les habitants de la ville, un homme ou une femme plus apte que ces deux-là pour exercer la fonction. Surtout quand on sait que ces deux-là, avant de se voir remettre tous les pouvoirs municipaux, n’avaient jamais dirigé la moindre entreprise et qu’ils n’avaient aucune expérience de la gestion d’une collectivité. A cette aune, on mesure mieux l’absurdité d’un système qui a vu ce bizarre tandem se croire capable de tout décider à notre place. Et cela quasiment sans contrôle.
Notre système électoral est ainsi fait que les qualités
(sic) ou les compétences qu’un individu doit développer pour se faire élire (à
savoir la démagogie et le besoin de paraître) sont totalement opposées à celles
requises pour occuper ensuite utilement la fonction.
Si l’on ajoute à cela que la première chose à laquelle pense
ce genre de personnage à peine élu c’est à son élection suivante, le temps est
peut-être venu d’envisager une autre façon de désigner nos représentants.
I had a dream...
Depuis des décennies on utilise le tirage au sort pour former les jurys
d’assises. On désigne de cette manière des jurés dont la mission est de décider
du sort de leurs concitoyens (cela peut aller jusqu’à trente années de réclusion, quand même).
Si vous disposez de quelques minutes d’attention, on peut essayer de démontrer
qu'il est possible d'utiliser la même méthode pour désigner nos futurs dirigeants.
Pour cette démonstration, prenons pour base géographique et
sociale notre communauté d’agglomération aixoise.
Dans un premier temps, dans chacune des communes, il serait procédé à un tirage
au sort parmi tous les électeurs. C’est facile, ça ne prend pas beaucoup de
temps ni de préparation.
A Aix une cinquantaine de noms sortiraient de ce tirage réalisé en public. Ces
cinquante seraient ensuite convoqués dans la grande salle de la mairie. On
s’apercevrait très vite que quelques uns feraient défaut, pour des raisons
d’âge, de maladie ou autres cas de force majeure. Pour notre exemple, disons qu'il en
resterait une bonne quarantaine. Sous le contrôle des fonctionnaires, on
procèderait à un premier tour de table, chacun ayant trente secondes pour
expliquer ses raisons de vouloir, ou pas, participer à la gestion de la ville.
A l’issue de ce premier tour, il resterait à ce moment (hypothèse d’école)
trente deux personnes motivées, lesquelles constitueraient l’assemblée
municipale. (si nécessaire, par un nouveau tirage au sort éliminatoire, on en limiterait ce nombre à 32)
Avantage : outre le fait du hasard, ces 32 personnes
n’auraient en commun que le désir de bien gérer leur ville. Autre
avantage : ils seraient répartis assez équitablement entre les sexes, les
âges, les conditions sociales, les idées politiques. Un vrai consensus.
L’étape suivante serait la désignation parmi eux de six personnes composant le
« bureau » de l’assemblée municipale. Chacun des membres de
l’assemblée pouvant présenter sa candidature.
Dans notre hypothèse, douze personnes se déclareraient
intéressées par cette mission. Chacune d’entre elles aurait alors cinq minutes
pour exposer à l’assemblée ses motivations. A l’issue de quoi les trente deux
procèderaient à un vote pour chacun des candidats : une boule blanche
pour oui, une boule noire pour non. A l’issue de douze votes, les candidats
ayant obtenu le plus de boules blanches constitueraient le bureau.
Ceux-là
auraient été choisis très démocratiquement par leurs pairs au seul vu de leurs
qualités supposées. Pas par copinage. Il resterait à ces six-là de se choisir
entre eux, selon la même méthode, celui qui occuperait le poste de président
pour une année reconductible quatre fois. En accord avec le bureau, le
président assumerait la responsabilité de la gestion quotidienne. Pour toutes
les décisions engageant l’avenir ou le patrimoine, l’aval de la majorité de
l’assemblée, qui se réunirait obligatoirement une fois par mois, serait
indispensable. A l’issue de chaque exercice annuel, l’assemblée aurait la
possibilité de retirer ses pouvoirs au bureau ou au président et d’en désigner
de nouveaux.
Dans un même ordre d’idées, l’assemblée municipale désignerait un ou plusieurs
candidats pour gérer la communauté de communes. Les candidats de toutes les
communes, selon le même processus, désigneraient ensuite leur bureau et leur
président.
Toujours dans la même optique, l’assemblée municipale pourrait désigner
son ou ses candidats pour gérer le Conseil départemental. Venus de tout
le département,
ces candidats désigneraient ensuite entre eux leur bureau, etc, etc..
Idem avec la région...
Avec cette méthode, non seulement on économiserait au moins quatre ou
cinq tours d’élection et au final on se retrouverait avec des gens venus de
tous horizons et qui n'auraient d'autre ambition que de bien servir l’intérêt commun.
Puisque les gens tirés au sort élimineraient successivement les moins
« vertueux » d’entre eux, on aurait toutes les chances d'avoir des représentants avec les qualités
requises, cela sans être jamais passés par la case démagogie ou des folles promesses, ces manoeuvres
inhérentes aux campagnes électorales. De surcroît, puisqu’il serait convenu que
l’on ne pourrait être tiré au sort qu’une seule fois, il n’y aurait pas de plan
de carrière possible pour les représentants ainsi désignés.
Enfin, on pourrait également imaginer que chaque Assemblée départementale
désignerait son ou ses représentants à l’Assemblée nationale. Et qu’une fois
que tous les représentants de la France entière se retrouveraient au Palais
Bourbon, c’est à eux que reviendrait la charge de désigner à la majorité... un
gouvernement et un premier ministre. Plus de président, il ne servirait à rien. On serait enfin entré de
plain-pied dans une sixième république dont les dirigeants, tout en étant
vraiment représentatifs du peuple, ne seraient pas les plus idiots et
resteraient en permanence sous le contrôle de leurs pairs.
I had a dream...
Le Marcheur solitaire
Note aux pas benêts: Cette idée du tirage au sort est en train de faire son
chemin dans le pays.
Pour en discuter localement: tirageausort-alb@gmx.fr