Article paru sur le site Médiapart le 1er septembre 2010 après que D. Dord ait été nommé trésorier de son parti... (avec le franc succès que l'on connaîtra plus tard et les dizaines de millions de trous et le scandale à 18 millions d'euros de Bygmalion.
Dord, parce qu'il le veau bien !
Dord avait déjà L’Oréal comme point commun avec Woerth. Ironie du sort, si Woerth devait quitter son poste de trésorier de l’UMP parce que sa femme avait été embauchée par Lilianne Bettencourt, son successeur avait lui aussi travaillé pour l’Oréal en tant que directeur de produit.
Second point commun avec Woerth, le fait que Dord avait lui aussi créé ses micros partis, ces associations qui permettent à certains politiques de contourner la loi sur le financement de la vie électorale. « Action Savoie Première ». Rappelons que l’association Action Savoie Première a pour unique but de soutenir le député Dominique Dord et que son dernier budget connu dépasse les 60.000 euros pour une année. Soulignons également que cette association a pour présidente Madame Christiane Darche qui a la particularité d’être l’épouse d’Alain Gabriel, le directeur général des services de la mairie d’Aix les Bains. Et rappelons qu’en décembre 2007, Christiane Darche a été embauchée à son tour à la mairie d’Aix les Bains en qualité de directrice générale adjointe des services.
Ce que nos confrères nationaux n’ont pas encore dit (il y avait trop d’informations d’un coup) c’est qu’en embauchant cette UMP bon teint, Dord a fait perdre plus de 400.000 euros aux contribuables aixois. En effet, à la même époque, Dord avait la possibilité de réintégrer un cadre de même niveau jadis viré de la mairie par son prédécesseur. Or en préférant embaucher Christiane Darche, Dord a permis au cadre en question, qui allait atteindre 60 ans, de demander sa mise en congé spécial en attendant ses 65 ans et la retraite. Du coup la ville d’Aix les Bains va devoir payer pendant 5 ans, à raison d’environ 7500 euros par mois, salaire, charges, primes et avantages compris, ce cadre qui va rester chez lui puisque Mme Darche a pris la place qui pouvait lui revenir. Ainsi l’embauche de la présidente UMP du « micro parti dordien » va coûter aux contribuables, plus de 400.000 euros, en plus du salaire de la dame (laquelle travaille réellement à la mairie, elle). Rappelons que l’homme responsable de ce gâchis a été présenté par X. Bertrand comme sérieux et rigoureux. Qu’est-ce donc qu’un jean-foutre irresponsable aux yeux de l’UMP ?
Et dans cet embrouillamini, la presse nationale a oublié de parler des autres « micros partis » et autres associations de financement comme Union pour la Savoie (UPS) et Union Pour Aix les Bains (UPA). Dommage car ils auraient découvert que l’UPS ne déclarait pas ses cotisations à la Commission Nationale de Contrôle du Financement politique (CNCCFP), ce qui lui avait valu une remontrance. Quand à l’UPA, elle est tout simplement inconnue de la CNCCFP. C’est dommage quand on sait tout le mal qu’elle se donne pour offrir de Dord une image crédible sur Aix les Bains.
Les confrères ont aussi découvert que Dord était gérant de sociétés immobilières mais ils n’ont pas encore eu le temps de fouiller dans cette direction. Peut-être qu’en cherchant un peu ils finiront par trouver qu’une des sociétés gérées par Dord a fait récemment quelque profit en achetant, en viabilisant et en lotissant un terrain à bâtir. Or c’est le genre d’activité qui semble être incompatible avec les fonctions de député si l’on en croit le Code électoral.
Sans doute les confrères apprendront-ils rapidement que le péché mignon de Dominique Dord, c’est l’immobilier, au point qu’en neuf ans il a vendu la quasi totalité des terrains à bâtir dont la ville disposait avant son arrivée. Et parfois dans des conditions surprenantes comme ces 15 euros du mètre carré pour les trois hectares de la Crémaillère. Ou comme ce camping municipal amputé d’un tiers pour faire plaisir à des promoteurs. Et même à titre personnel, Dord fait des prouesses. Ainsi il est capable d’acheter à 9 heures, et pour 95.000 euros un terrain qu’il revend le même jour en réalisant un bonus de 60.000 euros.
Peut-être alors la presse s’intéressera-t-elle de plus près encore à ce joyeux luron qui depuis son élection à la mairie d’Aix en mars 2001, n’a pas encore trouvé le moyen d’habiter la ville qu’il administre. Il est vrai qu’entre sa très belle ancienne résidence de la Motte Servolex qu’il a conservée, et sa nouvelle demeure de Brison Saint... Innocent ( !) payée 1,5 million d’euros en mai 2008 (et où, à peine arrivé, il engagea les travaux d’une piscine sans passer par la case permis de construire avant de se faire rappeler à l’ordre!), l’homme n’a aucune raison de venir habiter une ville qu’il ne cesse d’alourdir en autorisant des constructions sur le moindre lopin de terre.
Un petit rappel pas inutile aux pays de la mémoire courte.