Fête du travail : France 10, Allemagne 20...

ou la victoire du pragmatisme contre l'idéologie libérale...!

L’industrie manufacturière, qui joue un rôle central dans la croissance économique et la diffusion de la richesse, ne représentait plus en 2015 que 10 % du produit intérieur brut (PIB) de la France alors qu’en Allemagne elle comptait encore pour 20,3 % du PIB, 14,2 % en Italie et 12,1 % en Espagne. 



Est-ce pour renforcer encore le poids de l’industrie allemande au sein de l’UE : 30,2 %, que Messieurs MACRON et LE DRIAN, hier ministres et aujourd’hui alliés dans la course à la présidentielle, ont privé, en janvier 2016, une entreprise française d’un marché stratégique de plus de 220 millions d’euros pour l’accorder à la filiale italienne d’un conglomérat allemand ? Cette entreprise, la Société Des Ateliers Mécaniques De Pont Sur Sambre (SAMP), créée en 1947, était la seule en France à pouvoir fabriquer les bombes nécessaires à l’armée de l’air.

C’est là un véritable scandale, voir le lien en bas de page, qui ne fait que confirmer ce que nous constatons avec irritation, depuis la fin des années 1980 :

les élites françaises (politiciens, hauts-fonctionnaires et patrons confondus) converties à leur nouvelle religion du libéralisme le plus aveugle, ont fait le choix de la tertiarisation de l’économie. C’est-à-dire, pour schématiser, que les activités de services, la finance, et le tourisme devaient prendre le pas sur la production industrielle et la production agricole au sein de l’économie tricolore. 

Serge TCHURUK, brillant élève des Grandes Ecoles et pdg d’Alcatel, résuma parfaitement l’état d’esprit à la mode des dirigeants français quand il déclara en  2001 qu’il voulait une entreprise sans usines. Les usines tournevis devenant justes bonnes à être délocalisées en Chine ou dans d’autres pays ateliers. L’avenir des actionnaires et l’intérêt de la haute-finance, selon ces grands patrons et les politiciens qui les soutenaient, étaient à la promotion de l’immatériel et à l’externalisation.

L’Allemagne et l’Italie, plus sages et plus pragmatiques, ont, quant à elles, su conserver un tissu industriel réactif qui contribue actuellement à leur compétitivité, à leur richesse et à leur dynamisme mondial. IL est vrai que les PME de ces deux pays sont portées à l’innovation et sont fermement soutenues par le réseau bancaire. 

Au contraire en France, des savoir-faire industriels inestimables et stratégiques ont disparu, des régions entières sont sinistrées, des populations ont décroché, enlisées dans un chômage de masse, la multiplication des plans et stages de formation gouvernementaux, des parcs d’attraction et des musées n’a pas suffi à réembaucher, des territoires essayent désespérément de se raccrocher à un logo ou à une marque, de préférence en langue anglaise, pour tenter d’être vu sur la toile du tourisme mondial. 

La langue anglaise, comble du reniement inefficace, est présentée par les naïfs aveugles et les complices zélés de l’anglo-américanisation comme la langue miracle de la survie et du renouveau…alors qu’elle devient en réalité la langue de la domination intellectuelle et culturelle, donc de la domination tout court ! 

Résultat :  la France tremble pour ses recettes quand le moindre incident ou un grave attentat font reculer les touristes étrangers et déprogrammer notre beau pays par les agents de voyage ; la France a perdu son premier rang de puissance agricole européenne, a abandonné le secteur de la machine-outil agricole (tracteurs et autres outils ) et trop de ses paysans sont désespérés ; l’industrie manufacturière est passée de 21% en 1980 à 10 % du PIB en 2015 et a notamment vu disparaître le secteur stratégique de la machine-outil industrielle. Seule la Grande-Bretagne fait moins bien puisque l’industrie manufacturière ne compte que pour 8 % de son PIB. Mais ce pays a, lui, réussi à s’imposer, depuis longtemps, dans le secteur des services et de la banque en faisant de Londres une place financière et commerciale de dimension mondiale !

Marcel GIRARDIN
Conseiller municipal de Voglans