* Un député perçoit chaque mois
un salaire d’environ 6.000 euros, plus une indemnité de frais de mandat de
7.000 euros et 9.000 euros pour rétribuer qui il veut, y compris sa famille,
plus quelques autres avantages (téléphone, informatique, transports, etc) soit
un coût de 25.000 euros par mois, 300.000 euros par an, 6 millions en 20 ans.
CQFD.
Dominique Dord est né à Chambéry.
Sa famille habitait Chambéry. Son père enseignait à Chambéry. Il a grandi à
Chambéry. Il a fait ses études à Chambéry. C’est un Chambérien. Et quand, à
peine sorti de ses études et d’un stage relais chez L’Oréal, il a choisi la
carrière politique, c’était pour se tourner vers Chambéry. Petite main chez le
pro-frontiste Charles Millon, conseiller régional par protection, attaché
parlementaire par intérêt, c’est par atavisme qu’il se présente aux élections
municipales de Chambéry en 1995. Hélas, trois fois hélas, les Chambériens n’ont
pas voulu de lui et l’ont relégué dans l’opposition en lui préférant un maire
socialiste. Alors, n’écoutant que
son intérêt, Dord se tournera vers Aix-les-Bains. Une ville à laquelle il doit tant et qu’il s’apprête à abandonner maintenant qu’elle a cessé de lui être utile...
Dominique Dord doit beaucoup à Aix-les-Bains et à ses deux anciens maires. En
1993, un peu (beaucoup?) forcé, Gratien Ferrari, alors maire de la cité
thermale, le prend comme suppléant pour l’élection législative. Une fois
Ferrari élu député, Dord lui demandera également de l’embaucher comme
assistant parlementaire rémunéré. Une fonction et des revenus qu’il cumulera
avec ses confortables indemnités de conseiller régional et des revenus de
vagues fonctions de dirigeant d’une société de communication moribonde. Pour
Dord, la politique est aussi, voire surtout, un métier lucratif.
Empêtré dans des affaires municipales, Gratien Ferrari décide de ne pas se
représenter à la députation après la dissolution de 1997. Pas rancunier (son
assistant lui a pourtant bien savonné la planche) Ferrari soutiendra néanmoins
la candidature de Dord et fera campagne pour lui. En juin 97, Dord devient donc
député de la 1ère circonscription de Savoie, ce qui lui confère un
titre, des indemnités et des revenus conséquents mais pas de base géographique.
Chambéry lui étant fermé, c’est vers Aix-les-Bains qu’il va se tourner. Aux
élections cantonales de 1998, André Grosjean (RPR), réélu plus tôt maire
d’Aix-les-Bains, soutient la candidature du chambérien Dord (UDF) contre celle
du tresservien JC Loiseau (RPR). Une vraie bataille d’ego. Au terme d’une guerre
picrocholine, épique et sans merci, Dord écrase Loiseau et devient conseiller
général d’Aix-Centre. Il a désormais un pied dans la place.
A la veille des
municipales de 2001, Grosjean propose à Dord de le rejoindre sur sa liste en
lui promettant de lui succéder au prochain mandat. Dord fait mine d’accepter
mais au dernier moment, en débauchant des colistiers du maire sortant, il
présente sa propre liste, laquelle devance celle de Grosjean au premier tour.
Le maire sortant est KO debout et se retire entre les deux tours. C’est comme
ça qu’en mars 2001, seul face à une gauche déjà divisée, Dord s’installe en
triomphateur à l’hôtel de ville. Il en fera son bastion. A partir de ce
bastion, il va consolider sa carrière. Dord doit donc beaucoup à Aix-les-Bains.
Et pourtant...
Pourtant Dord n’aura eu de cesse que de détruire l’héritage aixois. Rien de ce
que ses prédécesseurs lui ont laissé ne trouvera grâce à ses yeux. A commencer
par les Thermes nationaux qu’il conduira à leur déclin financier (moins 13.000
curistes annuels en 8 ans !) avant de les privatiser afin de les
abandonner dans les mains d’un investisseur privé. Le reste du patrimoine
immobilier suivra, la liste en donne le vertige. Plus de 90% des propriétés
commercialisables de la ville vont ainsi tomber dans les mains du privé, le
plus souvent à des prix cassés, sans le moindre appel d’offre ni mise en
concurrence. Quant à la promotion immobilière privée, elle se fera dans la plus
grande anarchie, sans le respect du caractère ancien de la ville, les immeubles
les plus affreusement modernes menaçant le côté « village » que ses
prédécesseurs avaient su préserver. Au point qu’en 2017, enfin conscients du
désastre, des associations de riverains commencent enfin à protester. Bien
tard. Trop tard. Mais de cela, Dord se fiche car la population autochtone a, peu à peu, laissé
la place à de nouveaux arrivants, souvent des retraités aisés, venus grossir
les bataillons des électeurs UMPistes. Lesquels, ignorant tout du passé de la
ville, n’en voient d’abord que les aspects novateurs. Avant, souvent, d’en
déchanter...
Dord aura beaucoup fait pour effacer l’image et le nom d’Aix-les-Bains. Aucun
maire, attaché à la pérennité de la Ville, n’aurait accepté le départ d’une
maternité, sifflant ainsi la fin de générations « nées à
Aix-les-Bains » pour l’état civil. Lui, il l’a encouragé. Alors que
Aix-les-Bains souffrait déjà d’une insuffisance de notoriété, Dord n'aura
fait qu'aggraver la situation. Le nom d’Aix-les-Bains est, peu à peu, en
train de se dissoudre. Partout ailleurs en France, comme à Lyon, à Grenoble ou à Chambéry,
les communautés d’agglomération portent haut le nom de la ville-centre :
Grand-Lyon, Grenoble-Alpes-Métropole, Chambéry-Métropole. Dord, lui, bien que
maire de la ville-centre, il a choisi d’éclipser Aix et de baptiser
« Grand Lac » la communauté d’agglo, faisant disparaître, dans le
même temps, l’identité des autres communes, les privant de surcroît de leurs
compétences. Et il a fait pire avec la promotion touristique en substituant,
bientôt, à Aix-les-Bains, l’insane et ridicule appellation de « Riviera
des Alpes ». Comme si du passé historique de la ville il fallait faire
table rase, ainsi que le chantaient les bolcheviks.
Et enfin, un dernier signe qui démontre que Dord n’aime pas (ou plus) Aix-les-Bains. Avec
la nouvelle loi sur le cumul des mandats, Dord avait la possibilité de
démontrer son attachement à cette ville à laquelle il doit beaucoup. Pour cela
il lui suffisait de ne pas solliciter le renouvellement de son mandat de
député, un rôle dans lequel il s’est montré d’une redoutable inefficacité et
d’une indéniable inutilité. Mais Dord, après avoir fait ses comptes, a choisi
d’abandonner son mandat de maire d’Aix-les-Bains, du moins si les électeurs
candides le réélisent député en juin prochain. Il s’apprête donc à abandonner
son mandat de maire, alors que, dans leur très grande majorité, les autres
députés-maires de villes grandes ou moyennes ont décidé, eux, de rester au plus
près de leurs administrés. Mais, sans doute aussi, le maire en partance
craint-il pour l’avenir d’une ville qu’il a menée à vau l’eau tout en cachant
ses échecs derrière une cosmétique de façade et en bradant la quasi totalité du
patrimoine immobilier public communal.
Et si cela a été possible, c’est, en grande partie, en raison d’une information
locale d’une rare complaisance, se confondant souvent avec une entreprise de
communication unilatérale. D’où la nécessité d’une entreprise parallèle de
désintAIXication.
La suite bientôt dans un nouveau rendez-vous sur daixcryptage.com.
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