Pour contrer la venue
de Marion Maréchal Le Pen à Aix les Bains ce samedi 1er avril, quelques organisations ont prévu des manifestations. Et certains ont bien l’intention
de tenter de troubler ce rendez-vous. Sans doute au nom de la liberté
d’expression...
Espérons toutefois
que cette manifestation, officiellement « contre le racisme et la
haine » (sic) ne tournera pas à l’affrontement. Ce serait d’autant plus
malvenu qu’à Aix les Bains les conseillers municipaux élus en mars 2014 sous
l’étiquette frontiste ont fait preuve de tant de modération qu’on a du mal à
les différencier de leurs homologues de l’équipe menée par l’ex-trésorier de
l’UMP.
C’en est même comme si une passerelle invisible existait entre les deux
camps.
En 2014, lors des élections municipales et communautaires, la liste
conduite par Véronique Drapeau et Serge Gathier obtenait 15% des suffrages
exprimés et arrivait en tête... de l’opposition. Elle décrochait ainsi deux
sièges à la mairie et deux sièges à la communauté d’agglo. Depuis, les deux
élus frontistes n’ont que très rarement voté contre les projets présentés par
le maire ex-UMP. Mais la plus grosse
arnaque, ce fut à l’occasion de la nouvelle élection interne pour les délégués
communautaires. Une curieuse manoeuvre qui est malheureusement passée trop
inaperçue.
En décembre 2016, suite à une modification statutaire, le conseil
municipal aixois devait procéder à une nouvelle désignation des conseillers communautaires.
Seuls les conseillers communautaires sortants étant autorisés à se représenter,
les deux élus frontistes étaient assurés de retrouver chacun un siège... Il n'y avait qu'une
seule condition à cette reconduction : qu’ils se présentent ensemble, sur la même liste et que cette
liste obtienne deux voix, les leurs. Fastoche! Même un "bas du front" était capable de comprendre cela!
Or, en ce 7 décembre 2016, V. Drapeau et
S. Gathier se présentèrent séparément et obtinrent chacun... une voix, la
leur !
Compte tenu du quotient électoral (1,478) ils ne furent élus ni
l’un, ni l’autre. Et leurs deux sièges furent attribués... à la liste de Dord! La
liste du maire obtint ainsi 21 sièges au lieu des 19 qui lui étaient
normalement dévolus. Deux sièges supplémentaires qui arrangeaient bien les
affaires de Dord en lui confortant sa majorité au sein du conseil communautaire.
Certes, Gathier et Drapeau ne passent pas pour des foudres de guerre mais ce
serait leur faire grave injure que de laisser croire qu’ils ignoraient ce qui
allait se passer s’ils se présentaient séparément à cette élection interne. On
peut donc en déduire que c’est sciemment, en toute connaissance de cause,
qu’ils ont abandonné leurs deux sièges de conseillers communautaires au camp de
Dord. Quant aux motivations qui les auraient conduits à ce sacrifice (rires)...
Pour Gathier, c’est assez facile si l’on se souvient que, ancien proche du FN, il avait été l’un des
artisans de la victoire de Dord en 2001 et qu’il avait été ensuite un premier
adjoint, pas très brillant, peut-être, mais fidèle. Si fidèle que lors de son
second mandat, Dord avait confié à son ex-premier adjoint un poste honorifique
mais confortablement indemnisé.
En mars 2014, selon les propres dires de
l’intéressé, c’est Dord lui même qui avait encouragé Gathier à rejoindre la
liste du Front National. Aux lendemains de l’élection de mars, V. Drapeau
découvrit que ses comptes de campagne avaient été rejetés pour cause de
mauvaise présentation. Elle accusa Gathier d’être responsable de cette
manœuvre. Le rejet de ses comptes la privait aussi du remboursement des frais qu’elle
avait elle-même avancés, soit la bagatelle de 15.000 euros. On serait chafouin
à moins. Très vite l’ambiance entre les deux frontistes tourna à la zizanie..
Il s’est dit, sans que jamais cela puisse être utilement confirmé, que Dord
aurait « aidé » Véronique Drapeau à rembourser sa dette électorale.
C’est une version que l’intéressée a formellement démentie. Il n’empêche,
depuis 3 ans, au sein du conseil, la Véronique a fait preuve d’une discrétion
de Violette ! Jamais un mot plus haut que l’autre et un assentiment à
quasiment toutes les propositions de Dord. La vie politicienne doit avoir ses
raisons que la raison ne connaît pas.
En attendant, si les 1744 électeurs
aixois qui ont voté pour la liste FN en mars 2014 ont l’impression de s’être
fait un peu avoir, on ne saurait les en blâmer. Voilà pourquoi les manifestants
anti-FN de ce 1er avril auraient tort de penser que les élus
frontistes ne sont pas recyclables et qu’ils prêchent la haine alors que ceux d'Aix-les-Bains font preuve d’un esprit de tolérance et d’abnégation qui force l’admiration.
Ceci étant posé, il n'est pas non plus inutile de rappeler que Marion Maréchal Le Pen a le droit de s’exprimer partout en
France sans crainte d’en être empêchée par quelques trublions. Au moins, elle,
elle n’a pas embauché son conjoint, ni ses enfants, sur des emplois fictifs et on
ne lui connaît pas d’ami(e) qui lui paie des tailleurs à 6.500 euros, ni d’éditeur
qui lui verse 50.000 euros pour une note de lecture. Ça vaut bien une
indulgence, non, dans la ville d’un supporter de Fillon.. ?
Alors, comme
disait l’autre, on peut ne pas être d’accord avec ce qu’elle dit mais néanmoins
tout faire pour qu’elle puisse continuer de l’exprimer.