En
consultant, comme c’était leur droit et même leur devoir, la déclaration de
patrimoine de Dominique Dord, quelques citoyens aixois avaient été étonnés d’y
constater une notable différence entre le patrimoine supposé du député de la 1ère
circonscription et celui qu’il avait effectivement déclaré à la HATVP (haute
autorité pour la transparence de la vie publique). Pour en avoir le cœur net, ces
citoyens avaient pris la plume et avaient demandé à la HATVP de s’assurer du
bien fondé des déclarations du député Les Républicains. On ne sait jamais. Un
oubli est si vite arrivé. Pour preuve, le chouchou de Dord, François Fillon,
avait bien oublié, selon le Canard enchaîné, de déclarer à la HATVP un « prêt » de 50.000 euros. C’est vrai
que quand on brasse autant d’argent sur ses comptes, 50.000 euros de plus ou de
moins ça passe vite inaperçu.
Depuis ces courriers, les citoyens aixois
n’avaient plus eu de nouvelles de quiconque. D’où leur surprise en découvrant
en ce début d’année que Dord avait transmis à la HATVP une nouvelle déclaration
de patrimoine. Confer cet extrait du site de la HATVP :
Ainsi, il apparaît
que Dord avait fait une première « déclaration de situation
patrimoniale » le 10 juillet 2015 et que, quinze mois plus tard, le 21
octobre 2016, le même député Dord a produit une « déclaration de
modification substantielle de situation patrimoniale ».
Qu’avait-il bien
pu se passer entre le 10 juillet 2015 et le 21 octobre 2016 pour que Dord se
sente obligé de faire une déclaration de modification substantielle, c’est à
dire importante.
C’est ce que l’on a tenté de découvrir. Et le mystère s’ajoute
au mystère...
Pour consulter la déclaration de patrimoine d’un parlementaire il
faut demander audience à la préfecture qui fixe alors un rendez-vous. Courant
janvier nous tentons d’abord de contacter le service au numéro indiqué et
tombons sur un répondeur. Avec persévérance nous parvenons quelques jours plus
tard à obtenir une interlocutrice qui nous répond, très aimablement, que le
directeur du service étant en vacances, elle ne peut pas nous fixer un
rendez-vous et qu’il faudra rappeler.
Fin janvier nous rappelons et un
rendez-vous nous est proposé pour le 15 février. On va enfin savoir. Le 15 février, deux heures
avant le rendez-vous, notre interlocutrice de la préfecture nous annonce que le
rendez-vous est annulé. Motif, explique-t-elle : « un bug
informatique ». Elle promet de nous rappeler dans la semaine pour fixer un
autre rendez-vous.
Faute d’avoir été rappelés, c’est nous qui rappelons la
semaine suivante. Chaque fois nous
tombons sur un répondeur sur lequel nous laissons un message resté sans réponse.
La
semaine suivante nous parvenons à joindre notre interlocutrice qui nous déclare
que son directeur n’étant pas disponible elle va essayer de le contacter pour
fixer un rendez-vous le plus rapidement. Et qu’elle nous rappellera. Mais elle
ne nous rappelle pas. Ce mercredi matin, nouvel appel à la préfecture. Notre
interlocutrice décroche. Cette fois le directeur n’est pas loin, est-ce que le rendez-vous
va enfin pouvoir être fixé? Eh bien non, nous répond-elle car « Je suis
désolée, il y a encore un problème informatique ». Et la dame, apparemment bien embarrassée, n’est pas en
mesure de nous dire quand ce problème sera réglé. Et donc, pas en mesure de nous
fixer un rendez-vous. Deux mois que ça dure. Et, là, ça commence à faire beaucoup...
L’alternative est
donc la suivante : soit il y a à la préfecture une direction non seulement incapable de mettre du personnel pour répondre aux demandes légitimes des citoyens mais, de surcroît,
incapable de régler un problème informatique qui dure depuis quatre
semaines ! Et, au prix où ces gens sont payés, il faut vite mettre de
l’ordre dans tout cela. Soit il y a quelqu’un qui fait obstacle à ce que nous
puissions consulter la nouvelle déclaration de patrimoine de Dord, avec ses
modifications si substantielles. Et il faut vite savoir pourquoi.
Bon, on ne
voudrait pas paraître paranos, mais le lecteur déduira de lui-même vers quelle
option nous penchons. Allez, il ne nous reste plus qu’une solution :
demander à Dominique Dord qu’il prenne l’initiative de publier lui-même sa
déclaration de patrimoine.
Pour un homme si transparent et irréprochable, ce ne
devrait pas être une difficulté. Après tout, le même exige bien que les futurs
utilisateurs de la déchetterie lui fournissent la « déclaration de leur
patrimoine automobile », preuves et documents à l’appui.. !