Avec
Dominique Dord, quand on s’attend au pire, on n’est jamais déçu. Ce
professionnel de la dissimulation et de la manoeuvre a encore donné la pleine mesure de
ses talents ce jeudi soir à l’occasion de l’élection du président et des
vice-présidents de Grand-Lac. Mais il s’est fait prendre à son propre jeu.
Pathétique. Désormais les gens de son propre camp vont le regarder d’un autre
œil.
Cela aurait pu être une séance sans surprise. Les 70 délégués de Grand-Lac, la
nouvelle structure intercommunale regroupant le bassin aixois, la Chautagne et
l’Albanais, étaient convoqués ce jeudi pour élire le président de ce machin et,
compte tenu d’une très large majorité de droite, le résultat ne laissait aucune
place au doute. Dominique Dord, seul candidat de droite, était assuré de
l’emporter. C’est d’ailleurs ce qu’il se produisit, le député-maire d’Aix les
Bains étant élu dès le premier tour avec 57 voix sur 68 suffrages exprimés, un
nul et une abstention. Un résultat en apparence très démocratique et qui
n’avait rien à voir avec ceux qu’on enregistre dans les républiques bananières
ou les dictatures. Bref, un score rêvé pour quelqu’un qui voudrait donner le
change...
La surprise commençait avec le
décompte des voix obtenues par les deux présumés « opposants» de gauche. Candidat sans illusion sur son
score, Fabrice Maucci (divers gauche) ne totalisait que trois voix, dont la
sienne. Prévisible. Quant à l’autre candidat de gauche, André Gimenez (parti
socialiste) il obtenait huit voix.
Soit un score supérieur au nombre de délégués communautaires
susceptibles de voter à gauche. Qu’un candidat soutenu par un Parti socialiste
actuellement au trente sixième dessous parvienne à réaliser ce score dans une assemblée très
majoritairement à droite ne pouvait que susciter l’interrogation. Qui, à
droite, avait bien pu voter pour ce Gimenez ? Ce mystère allait bientôt
s'épaissir... avant de s’éclaircir.
Alors que la séance était momentanément suspendue, certains purent observer le curieux
manège de Dominique Dord et d’André Gimenez. Tels deux compères à la foire, les
deux s’échangeaient des confidences à l’oreille et éclairaient leurs dialogues
de force sourires complices et de gestes de connivence. Un manège si étonnant que
quelques observateurs ne manquèrent pas de filmer la scène avec leur téléphone
portable, confer l’extrait ci-dessous :
En début de séance, les observateur ont pu voir D. Dord, à l'écart, en grande conversation privée et à voix basse avec A. Gimenez.
Pour que la scène ne passe pas inaperçue, ils s'étaient même placés sous la lumière d'un projecteur! L'art de se moquer du monde.
L’histoire aurait pu en rester
là. L’assemblée, dirigée cette fois par Dord, procéda ensuite aux votes pour
désigner les quinze vice-présidents, une armée mexicaine bien rétribuée.
Sans surprise, J-C Loiseau fut élu 1er
vice-président, et, jusqu’au 12 ème poste à pourvoir, il n’y eut rien de
notable à remarquer, à l’exception peut-être de l’élection de Claude Giroud
comme 3ème vice-président, une désignation incongrue dont on devrait
bientôt comprendre la justification. C’est avec l’élection du treizième
vice-président que le drame se joua. Pathétique. Pour ce poste, la majorité de
droite fut officiellement (sic) invitée par Dord à voter en faveur de Corine Casanova,
adjointe au maire d’Aix-les-Bains, vice-présidente de feue la CALB et jusqu'alors chargée,
à ce titre, des transports urbains. Son élection promettait d’être aussi aisée que
celle de ses prédécesseurs de droite. Ce fut loin d’être le cas.
Petits meurtres entre amis
Curieusement, alors qu’il ne s’était jamais présenté pour les douze postes
précédents, André Gimenez, le revenant socialiste, proposa sa candidature pour
ce 13ème poste. Pas contre Madame Casanova, crut-il intelligent de
préciser, mais en raison des responsabilités qui étaient, soi-disant, attachées
à ce poste, à savoir les transports. Pour celui qui n’avait obtenu que huit
voix (davantage que le plein de gauche) pour l’élection du président, la cause
paraissait perdue d’avance. Or, à l’issue du vote, Gimenez, avec 30 voix,
talonnait Corine et ses 32 voix, personne n'obtenant la majorité absolue pour être
élu. La surprise était grande. Mais on n’avait pas encore tout vu. On procéda
alors à un second tour et cette fois le score fut inversé, 30 voix pour Corine,
32 pour Gimenez. Mais toujours pas de majorité absolue sur les 64 suffrages exprimés.
Il fallut donc organiser un troisième tour, sachant que cette fois, quel que
soit le nombre de voix, celui qui en aurait le plus emporterait la 13ème
vice-présidence. Gimenez, le socialiste, allait-il l’emporter au finish contre
une élue centriste dans une assemblée de droite ? Certains électeurs
eurent sans doute un sursaut de probité car à l’issue de ce troisième tour,
c’est Corine qui l’emporta avec 33 voix contre 32 au socialiste. Fin du
psychodrame pathétique.
Ce
psychodrame mérite une explication et il ne peut en avoir qu’une seule. Le
conciliabule éhonté, au vu de tous, entre Dord et Gimenez, en début de séance,
préparait manifestement cette entourloupe. Dord le «Républicain » avait à l’évidence
promis au socialiste les voix d’une partie de sa majorité pour le faire élire à
la place de Corine Casanova. Tout avait été calculé au plus juste par le grand
stratège de la mairie d’Aix-les-Bains. A une voix près. Et si la manœuvre avait
échoué, c’était à cause du scrupule d’un élu de gauche qui nous l’avouait en
fin de séance : « Ne croyant pas aux chances de Gimenez, et
reconnaissant que Corine Casanova était sincère et fidèle à ses principes, j’ai
voté pour elle dès le premier tour. Quand j’ai vu la tournure des choses, j’ai
confirmé ce vote aux deuxième et troisième tours. Sans mon vote en faveur de
Corine, Gimenez aurait été élu au second tour. »
Le boulet est donc passé très près pour Corine Casanova. Elle peut désormais être
persuadée que Dord et une bonne partie de la majorité municipale ont voté
contre elle ce jeudi. D’ailleurs elle ne devait guère se faire d’illusion
puisqu’elle avait préféré ne pas participer à la séance qui devait entériner
son exclusion. Elle avait donné son pouvoir à... Renaud Beretti. Un Beretti qui sait à son tour, pour peu
qu’il feignait de l’ignorer, de quoi Dord est capable. (voir l'article du 4 janvier, Dord-Beretti)
Quant à Dord, dont la manœuvre pour faire élire un socialiste à la place d'une de ses fidèles colistières a lamentablement échoué, il s’est enfin dévoilé.
Tout le monde va maintenant le regarder tel qu’il est.
Le politicien manoeuvrier et sans scrupule dans toute sa splendeur.