Ah, comme ils étaient beaux et qu'ils s'entendaient bien à la veille des dernières élections municipales en posant, quasiment bras dessus, bras dessous, pour les photographes complaisants:
C'était au printemps 2014. Ils s'étaient unis et ils étaient heureux et, à défaut de beaucoup d'enfants, on leur promettait une longue et belle carrière. Tout s'y prêtait. Une nouvelle loi rendant impossible le cumul entre un mandat de maire et un mandat de parlementaire, Dord avait laissé entendre à Béretti qu'après les législatives de 2017, c'est lui qui s'installerait dans le fauteuil magistral. Du coup le Béret', alias Monsieur Jem'voyédéja, n'en finissait plus de croire à son destin. Et puis...
Et puis, si l'on en croit un proche des deux hommes, il y aurait actuellement comme de l'eau dans le gaz entre les deux compères. On explique.
Dominique Dord a déjà fait savoir qu'en juin prochain il solliciterait un cinquième mandat de député. Il a prétendu sans vergogne que c'était uniquement par fidélité aux électeurs de sa circonscription qu'il faisait ce choix. Et tant pis pour la "fidélité" aux électeurs aixois puisque cela impliquait que, en raison de la loi sur le non-cumul des mandats, il doive ensuite démissionner de son poste de maire et de celui de président de la CALB (Grand-Lac)... Une démission qui ne deviendrait effective que seulement une fois l'élection de député définitivement acquise, c'est à dire purgée de tout recours. C'est à dire pas avant la fin de l'année 2017, début 2018, vraisemblablement. Le temps de préparer Béretti à lui succéder avait-il laissé entendre à Monsieur Jem'voyédéja. Mais voici que depuis quelques semaines certains font courir une autre rumeur.
Si Dord va bien se présenter à l'élection législative en juin prochain, avec de réelles chances d'être élu pour la 5ème fois, il n'envisagerait plus de conserver son mandat de député mais pourrait choisir de rester maire et président de Grand Lac. A cela plusieurs raisons. D'abord, avec quatre mandats de parlementaire, Dord est désormais assuré d'avoir une retraite au taux maximum et un nouveau mandat ne lui apportera rien de plus. Et surtout, il lui reste de nombreuses affaires, essentiellement à caractère immobilier, à régler sur Aix-les-bains. Et pour les mener à bien, il a besoin de garder les commandes de la mairie et de la CALB. Or un Dord qui deviendrait simple conseiller municipal perdrait très vite la maitrise de l'une comme de l'autre. C'est bien connu, le pouvoir ne se partage pas.
Mais alors, pourquoi Dord se présenterait-il à l'élection des députés en juin si c'est pour démissionner six ou huit mois plus tard? La réponse vient en deux temps. Un, parce que six ou huit mois d'indemnités non imposables, c'est toujours bon à prendre. Deux parce que réélu député, Dord aurait l'occasion de "monnayer" sa démission... Une explication s'impose.
Avant cette année, quand un député démissionnait pour convenance personnelle ou autre, il fallait procéder à une nouvelle élection pour pourvoir à son remplacement, le suppléant ne remplaçant le député qu'en cas de décès de celui-ci ou de sa nomination au gouvernement. Fort opportunément, la loi a changé. Afin d'adoucir la règle du non-cumul entre un mandat de parlementaire et celui d'un exécutif local, le législateur a prévu que, à partir de juin 2017, si un député démissionne pour des raisons de non-cumul, la place reviendra automatiquement à son suppléant.
Et voilà qui aurait donné des idées à Dord. Selon nos informations, le député aixois serait à la recherche d'un ou une suppléante proche du possible prochain président de la république. Un tel suppléant lui permettrait ainsi de négocier sa démission en échange d'un poste dans un de ces organismes officiels dont la France pullule et qui servent surtout à recaser les copains. Dans cette hypothèse pas du tout farfelue, Dord garderait les mêmes avantages qu'un député et pourrait continuer à diriger et la mairie et la CALB Grand-Lac. Voilà la rumeur qui a commencé à courir...
Naturellement, Dominique Dord va la démentir. Il est vrai qu'il ne peut pas se représenter à la députation en juin en disant aux électeurs de la circonscription qu'il va démissionner six mois plus tard. Son démenti ne calmera donc pas les inquiétudes de Monsieur Jem'voyédéja.
Quoi qu'il se passe cette année, une chose est au moins certaine, il y a du cocufiage dans l'air. Si Dord, pour rester député, abandonne la mairie et la Communauté d'agglo, il aura trompé les électeurs aixois qui ont voté pour lui en 2014. Et s'il démissionne de son poste de député quelques mois après avoir été réélu, il aura trompé les électeurs de la circonscription qui l'auront choisi en juin.
Une sacrée partie de dupes vient de s'engager.