Les Aixois n'ont sans doute pas fini de rire (jaune) avec cette histoire de chauffage urbain dit "au bois" (alors qu'il va être également au gaz, voire au fuel ). Une histoire dont la première embrouille remonte (déjà) au 26 mars 2012.
Ce soir-là, évoquant une présumée charte environnementale (il ose tout), Dominique Dord demandait à son conseil municipal l'autorisation de lancer "une consultation" pour l'implantation d'une chaufferie bois. Une chaufferie tellement écologique qu'on se bousculerait pour venir en respirer les émanations. Cette proposition de consultation (sic) était acceptée avec enthousiasme et à l'unanimité des votants, droite et gauche confondues, tous béats d'admiration devant la perspective d'un tel prodige. Qui a dit que béats était l'anagramme de bétas?
Dans son propos liminaire, Dord ayant affirmé que "cette réalisation pourrait voir le jour entre juin 2014 et juin 2015" (si, si, il l'a dit et c'est écrit dans la délibération), il n'avait pas de temps à perdre.
Et effectivement, Dord ne perdait pas de temps. Il en perdait si peu que 18 mois plus tard, en novembre 2013, il signait déjà un contrat qui liait la Ville à la société Idex pour 25 années. En échange de la signature du maire, Idex s'engageait (formellement) à, tenons-nous bien " chauffer l'équivalent de 2000 logements (dont une grande partie de bâtiments publics) à compter de mi-2015".
Confer cet extrait de son communiqué de presse:
Oui, c'était bien écrit, le réseau devrait être opérationnel depuis déjà un an et demi et chauffer 2000 logements. Ceci alors que la chaufferie bois n'est pas encore sortie du sol et que la plupart des tranchées sont encore ouvertes. C'est dire tout le sérieux de l'opération initiée par l'ineffable Dord. Mais au moins, pour une fois les Aixois savent avec quoi leur maire les a enfumés. Avec du bois! C'est quand même plus écolo.
Bon, on aura l'occasion de revenir sur ces péripéties et sur le choix d'une société à capitaux luxembourgeois pour chauffer des Savoyards mais pour l'heure revenons à l'objet du jour, ce fameux "trou" qu'il va falloir combler à coups de millions d'euros.
Pour réaliser la chaufferie et les réseaux de distribution (ces fameuses tranchées qui défoncent des rues qui venaient parfois d'être refaites à neuf), Idex, société au capital de 95 millions d'euros, a créé une filiale locale. Cette filiale, Aix Energies Nouvelles (au capital très modeste), a été inscrite au répertoire des sociétés de Chambéry. Elle a déclaré domicilier son siège social à Aix les Bains, au 24 Chemin de Viborgne. Rappelons que le siège social d'une société immatriculée au registre du commerce doit correspondre à un immeuble possédant une adresse postale, là où on est susceptible de rencontrer ses dirigeants. Cette précision n'est pas une simple vue de l'esprit, c'est une obligation légale. Alors, partant à la recherche d'Aix Energies Nouvelles, nous nous sommes rendus au 24 chemin de Viborgne. Et voila ce que nous y avons vu:
24 chemin de Viborgne, Aix-les-Bains, le 10 Novembre 2016.
Un trou! Oui, un trou.
Et c'est dans ce trou que la société Aix Energies Nouvelles devrait prochainement construire sa merveilleuse chaufferie bois à plusieurs millions d'euros. D'où le titre de notre article du jour, histoire de sourire un peu.
Alors, en constatant que la société qui va réaliser leur chauffage urbain a
installé son siège social au fond d'un trou, à la place des Aixois ne devrait-on pas commencer à se poser des questions sur le sérieux de l'opération? Rions.
A noter enfin qu'il s'agit d'une chaufferie bois tellement merveilleuse qu'il est déjà prévu qu'elle ne tournera pas toute l'année, seulement l'hiver... si il est rigoureux et si l'installation ne tombe pas en panne. Que voilà des moments palpitants en perspective. On n'a pas osé écrire des moments chauds!