Comment
faire d’une succession de défaites une grande réussite ? C’est le prodige
que propose ce mois-ci Oui-Oui le magazine municipal d’Aix les Bains.
Petit retour dans le temps. A peine élu député en 1997, Dominique Dord se
mobilise pour sauver l’hôpital d’Aix les Bains menacé de ne plus avoir de
chirurgie. En 2001 il en fait son slogan de campagne. Mais deux ans plus tard
la chirurgie de plein exercice disparaît. En 2007, c’est la maternité de
l’hôpital aixois qui est menacée. A la veille des élections de 2008, Dord
affirme aux électeurs qu’il a la solution : un établissement privé
(Générale de Santé) viendra s’installer à Drumettaz pour
« sécuriser » la maternité aixoise. L’établissement privé n’ouvrira jamais.
Alors, une fois réélu, Dord participe aux croisades et autres défilés pour
exiger de l’Etat le maintien de la maternité et de ses 700 naissances par an.
Mais la maternité ferme. Puis, bientôt, l’hôpital aixois est absorbé par le
Centre Hospitalier de Chambéry. Mais aujourd’hui Dord est content. Il n’y a
plus de chirurgie de plein exercice, plus de maternité, mais il assure que
l’hôpital poursuit sa montée en puissance. Ben voyons !
Poursuivons la lecture de Oui-Oui Magazine Municipal.
Page 4 et 5, une dizaine
de photos, Dord est présent sur la plupart, sauf sur celle montrant des
plongeurs dans le lac. Il préfère ne pas se mouiller. Alors il plastronne
devant les « nouveaux Aixois » accueillis au centre des congrès. A
voir la photo des « nouveaux citoyens » qui se sont déplacés pour
cette intronisation, on se dit qu'Aix n’a pas vraiment encore entamé sa cure de rajeunissement.
La langue de bois telle qu'on la COS
Page 8, les Aixois qui, de plus en plus nombreux, se plaignent de la
« bétonnisation » insupportable de leur Ville ont tort de se plaindre
auprès du maire : c’est pas d’sa faute. C’est la faute à la Duflot qui a
supprimé le COS, le coefficient d'occupation des sols. Cos toujours, tu m’intéresses !
Page 9, tout va bien pour le dossier des Anciens Thermes, aucune ombre en
perspective. C’est juste une affaire à suivre... Devinette : le maire y
parle-t-il du déménagement de l’Ecole Peyrefitte et de son relogement en
attendant la fin des travaux lesquels commenceront... en 2018 ?
Réponse : non. Et même pas un mot sur kicékivapéyétouça !
Page 10 : l’assemblée consultative des quartiers (ACQsA) s’est imposée,
dit-il. Tout le monde est content. Mais pas un mot sur les membres qui ont déjà
claqué la porte en estimant que c’était du vent. AQCsA sert à rien.
Page 18, grand article sur la chaufferie bois. On y apprend que des riverains
mécontents de la future installation avaient créé une association, regroupant
une trentaine de membres, pour défendre leurs intérêts. Mais depuis tout va
bien. Le maire les a rassurés et ils ne protestent plus. Rien n’a changé mais
ils sont tous contents, contents, contents, les membres de l’association. C’est
écrit. Tous contents. Oui, tous. Car si certains ont continué à être opposés à
cette chaufferie, le président de l’association a en tiré cette conclusion:
puisqu’il sont contre la chaufferie ils sont contre notre association.
Exit les récalcitrants.
Et vive la démocratie à la aixoise.
Mais l’information qu’il ne faut pas rater, c’est aussi en page 18 qu’on la trouvera.
On y apprend que dans le quartier Sierroz la tour La Misaine va être démolie
bientôt. On y apprend que cette tour, à elle seule comportait 75 logements.
Soixante quinze. Et maintenant, à cette aune, essayons d’imaginer ce que vont
représenter deux tours de 100 logements chacune, ainsi que cela est (paraît-il)
prévu au-dessus des Anciens Thermes.
D’un seul coup, ça fait peur, n’est-il
pas ?
Oui, oui, ça fait peur !
Un dernier pour la route :
Ben, mon colon !
Voici le communiqué que les lecteurs ont pu découvrir hier dans leur
daubé :
Organiser dans les Anciens Thermes, à l’heure de la polémique à propos de leur
réhabilitation, un voyage ludique appelé "colon-tour", voilà un
rapprochement qui ne manque pas de doigté. Comme disait trivialement le
correspondant qui nous a transmis l’info « au moins les Aixois vont savoir
jusqu’où la mairie peut aller dans ce sens avant que ça leur fasse vraiment mal ». Ou, pour parodier une
célèbre réplique d’un film culte « Vous reprendrez bien un peu de
promesses électorales ? - Juste un doigt ! – Ah, bon vous ne voulez pas des promesses
avant ? »