La scène s’est déroulée vendredi soir dans un Centre des
Congrès (dont les élus et la presse ont déjà oublié qu’il s’appelait désormais
André Grosjean) devant une assistance réduite. Dominique Dord, maire d’Aix les
Bains et président de la communauté d’agglo avait chargé son quatrième couteau,
l’incertain Michel Frugier, d’annoncer la nouvelle. Désormais la nouvelle image
de l’agglomération se déclinerait autour de ce nouveau symbole :
Hâtons-nous d’en rire de crainte d’avoir bientôt à en
pleurer.
A ceux qui auraient pu l’oublier, rappelons que La
Riviera est le nom donné à une partie de la côte méditerranéenne allant de
Gênes à Nice. Dès lors, l’association de Riviera et d’Aix-les-Bains en Savoie semble
davantage relever de l’oxymore que de l’imagination.
On se rappelle qu’en 2001, Dord voulait absolument « rajeunir »
l’image de la ville dont il devenait maire, or le nom de Riviera est en
lui-même très suranné, vieillot, il ramène à une image de la Côte d’Azur (et de la Côte
Ligurienne) vieillissante, fréquentées par des retraités, des
« vieux » aisés. C’est en tout cas très loin d’une idée qui
symboliserait le modernisme et le rajeunissement.
De surcroît, la récupération de l’image « Riviera » a depuis longtemps été faite
par d’autres régions, à maintes reprises, un peu partout en Europe. Y compris en France
où d’aucuns s’y sont essayé, par exemple avec la Riviera Bretonne (autour
de Bénodet) sans que le concept n’ait rencontré le moindre succès, même pas
d’estime.
Quant à y ajouter « des Alpes », c’est oublier qu’il existe déjà, au
bord de la Méditerranée, une « Riviera des Alpes ». Que l’on
sache, Nice est bien bâtie au pied des Pré-Alpes, au moins autant que ne l’est
Aix-les-Bains.
Enfin, sachant que la nouvelle (sic) Riviera des Alpes est censée englober non seulement
l’Aixois mais aussi l’Albanais, la Chautagne et les Bauges, on n’ose pas
imaginer la tronche d’un touriste qui, dans le futur, se laisserait prendre au
piège de la publicité et qui, débarquant à Albens, réclamerait un hôtel 4
étoiles avec chambre ayant vue sur la mer !
Bref quand on sait tout ça, on se dit, soit que nos élus avaient fumé la
moquette, soit que l’un d’entre eux (suivez notre regard) a déjà une autre idée
en tête. Associer Aix-les-Bains à Riviera, ça fait penser à autre chose qu’à un
slogan touristique. En effet, que voit-on quand on évoque La Riviera, sinon des palaces,
des hôtels de luxe mais surtout des immeubles, des immeubles, encore des
immeubles. Sur la Riviera, tant française qu'italienne, entre les premières constructions et la mer il n’y a souvent,
au mieux, qu’une route et plus le moindre espace vide. Autrement dit, La Riviera des Alpes, ça fait immédiatement penser à
de la promotion immobilière. Surtout si on rapproche ce concept d’une autre
idée dordienne (l'appropriation du lac) dont on reparlera.
En attendant, rions une dernière fois avec l’explication
qui a été fournie, par ses concepteurs, sur le graphisme du nouveau slogan (confer extrait du DL ci-dessous)
Comme ça, si le A ne comporte pas de barre, ce serait pour symboliser les montagnes, nous précise sans
frémir la groupie du daubé qui n'hésite pas à parler de cône (sic) pour évoquer un A et qui nous explique, sans redouter le ridicule, que les tirets ne sont pas faits pour relier les mots entre eux mais pour les couper! (c'est le syndrome de la ministre Bécassine, peut-être?). Quant à l'absence de point sur les i, ne serait-ce pas aussi pour faire parler les cônes (sans accent mais avec deux "n") pendant qu'on y est ?
Si quelqu’un a déjà vu une montagne qui
ressemble à un A pointu et sans barre à moins de vingt kilomètres d’Aix les Bains, qu’il
se manifeste, et vite ! A la vérité, ce A sans barre ressemble davantage à une Tour
Eiffel ou à une pyramide qu’à une montagne des Pré-Alpes aixoises. Ou, mieux, à un V à l'envers !!!
Mais
qu’est-ce qu’on ne ferait pas croire aux gogos pour essayer de vendre un slogan
imbécile avec la complicité des thuriféraires stipendiés. Décidément, il faut
croire que Dord et sa bande sont persuadés qu’ils peuvent faire tout avaler aux
Aixois.
Reste enfin à savoir combien cette trouvaille a coûté aux
contribuables et qui s’est encore servi au passage ? Alors qu’avec juste
un peu d’imagination on aurait pu trouver beaucoup plus accrocheur que
la Riviera pour tenter de vendre Aix-les-Bains. La preuve :
C’était notre contribution (gratuite, elle) à la franche poilade déguisée en fumeuse promotion touristique que Dord et sa clique sont en train de nous offrir, sinon pour nous amuser, au moins pour nous distraire. Car pendant ce temps-là...
(à suivre)