C'était il y a une huitaine d'années. Ce soir là, dans la salle du Bd Lepic, une cinquantaine de représentants des communes membres étaient présents quand le rapporteur annonça que la CALB allait financer des études en vue de la réalisation d'un grand camping international 4 étoiles sur les hauteurs, à Pugny-Châtenod plus précisément. Inutile de dire qu'à cette perspective la perplexité se lisait sur les visages de la quasi totalité des présents, tandis que d'autres ne pouvaient retenir des sourires moqueurs et que certains prenaient la parole pour dire tout le mal qu'ils pensaient d'une telle idée.
Un débat s'engagea qui laissait présager que pas grand monde, parmi les élus, accorderait le moindre crédit à cette idée. C'est alors que Dominique Dord, qui n'était pas encore président en titre de la CALB mais qui en tirait déjà les ficelles, mit fin à la discussion et prit la parole. Il le fit à peu près en ces termes: "Mes chers collègues, pour l'instant ce n'est qu'une étude. Cela ne nous engage pas. Si l'étude ne conclut pas à la faisabilité du projet, eh bien nous n'irons pas plus loin. Je vous propose donc de voter cette étude." Docilement, à une demi douzaine d'exceptions près, l'assemblée approuva le principe de dépenser quelque argent dans une étude dont chacun prévoyait qu'elle ne mènerait à rien.
Quelques semaines plus tard, Dord ayant réussi à virer son ami André Quay-Thévenon, il prenait la présidence de la CALB. Et les études sur un camping à Pugny allaient succéder aux études, les appels à participation aux appels, tandis que des travaux étaient envisagés pour améliorer le réseau routier et que des contacts étaient pris avec de futurs "investisseurs". Et la bonne presse de s'épancher à intervalles réguliers sur le projet.
Huit ans plus tard le couperet est tombé sur cette idée folle. Le mois dernier, lors de ses voeux aux habitants de Mouxy, Dord a annoncé l'enterrement définitif du projet de camping à Pugny. Il est vrai qu'aucun investisseur n'avait voulu le suivre dans cette fantaisie. Reste néanmoins une question: combien ces huit années d'études pour rien ont-elles coûté aux contribuables locaux?
Cette question sur tant d'argent gaspillé, on aurait pu espérer (sourire) que le dauphiné (enfin) libéré la poserait au président de la CALB. L'occasion était belle puisque ce jeudi, le DL a consacré quasiment toute une page à ce dossier enterré.
Mais non seulement nos joyeux confrères n'ont pas pensé interroger la CALB sur le coût, pour les contribuables, de l'abandon de ce projet, mais ils ont encore fait plus fort. Ils ont repris comme une information sérieuse ce qui ressemble à un nouveau canular. Ils ont laissé croire qu'après Pugny, c'est au Viviers du lac, sur l'ancienne décharge publique de la Coua, qu'un complexe hôtelier de plein air pourrait voir le jour, en 2017 ou en 2018.
Voilà une prétendue information qui, ici, dans ce journal, nous a bien fait rigoler. En effet, en mars dernier, avec deux opposants au camping de Pugny, c'est nous qui avions lancé ce gag.
Eh, oui. L'idée d'un camping 4 étoiles sur l'ancienne décharge de la Coua, c'était bien une idée (farfelue) que nous avions lancée. Mais c'était pour rire, bien sûr! Car ici on n'a jamais réellement pensé qu'une ancienne décharge industrielle, non dépolluée, juste recouverte de terre, pouvait décemment servir de lieu de villégiature à des touristes en recherche d'air pur et de vie saine.
Mais il faut croire que le président de la CALB n'est pas à cette contradiction près. Quoique (Coua que?) une fois encore, en ce mois de février ce n'est pas lui qui est monté au créneau. Il a laissé son quatrième couteau, l'incertain Michel Frugier, lancer ce ballon de sonde, avec la complicité d'un quotidien local perpétuellement en quête de sensationnel et de complaisance.
Le feuilleton du complexe hôtelier de plein air 4 étoiles sur la Coua est donc bien parti pour tenir en haleine les lecteurs et les citoyens crédules pendant des mois, sinon des années.
Comme on dit dans la presse peu regardante, une nouvelle plus un démenti, ça fait toujours deux informations.
Note aux benêts: En 2003, Dord, maire d'Aix les Bains, a vendu à la société Grosse, pour une bouchée de pain, un terrain (îlot Verlaine) qui avait servi de décharge industrielle à Gaz de France. Ce terrain en l'état était impropre à la construction d'immeubles d'habitation, tout le monde le savait. Lors des travaux, en réalisant les fouilles, les ouvriers sont tombés sur une nappe de liquide contenant des PCB. Il a donc fallu dépolluer le sous-sol. Coût (estimé) de l'opération 300.000 euros. Le père Grosse s'est fâché, car cette dépense n'avait pas été prévue dans le budget de la réalisation de la superbe résidence. Pour le calmer, Dord a accepté de lui offrir une subvention municipale équivalente (300.000 euros), soi disant pour la réalisation de la fontaine de la placette. Bilan, déduction faite de cette subvention, la Ville a finalement cédé ce terrain à la moitié du prix qu'elle l'avait payé quatre ans plus tôt. Mais Dord (à la niche) ne s'est jamais vanté de cet exploit.
A cette aune, on imagine ce qu'un "promoteur" pourrait trouver en creusant une piscine à la Coua et ce que cela pourrait encore coûter aux contribuables..!