Dans un communiqué adressé à l'ensemble de la presse aixoise un conseiller municipal voglanais qualifiait de "baliverne" l'idée émise par le député-maire-président de la CALB de demander à l'Etat de vendre le Lac du Bourget à la prochaine agglomération Grand Lac dont Dord tire actuellement les ficelles. Connaissant le personnage, ne pas chercher à comprendre ce que pourrait cacher ce transfert de propriété ce serait oublier un peu vite les précédentes manoeuvres de l'ex-trésorier de l'UMP. Petit rappel pas inutile.
Quand il arrive à la mairie d'Aix les Bains en mars 2001, pas un seul des électeurs aixois ne s'imagine ce qu'il va se passer dans les quinze prochaines années, ni ce qu'il restera après cela du patrimoine aixois légués par les anciens.
Qui aurait cru en mars 2001 que, quinze ans plus tard, les Thermes nationaux, ceux qui ont assuré la renommée et la richesse de la ville, seraient, corps et biens, totalement privatisés, cela après avoir perdu près d'un tiers de leur clientèle de curistes. Qui aurait pensé qu'un établissement Chevalley, qui avait coûté aux contribuables près de 40 millions d'euros, allait être cédé pour 3 millions d'euros. Qui aurait cru que les Anciens Thermes, qui accueillaient encore 10.000 curistes annuels au début de ce siècle, abandonneraient l'activité thermale et seraient cédés à un opérateur immobilier (Bouygues), avec force contributions financières (15 millions d'euros) des contribuables pour aider à rentabiliser cette affaire privée. Qui aurait cru que les Ateliers municipaux, la Cité de l'Entreprise, l'îlot Verlaine (où il était prévu un grand équipement public), l'îlot Cabias (où il avait été prévu des logements sociaux), une partie du Bois Vidal Crémaillère, la quasi totalité des terrains municipaux des bords du lac, la colonie de Vacances de Saint Palais, le bâtiment de l'Estal, celui de l'ancienne Sécurité Sociale, les terrains du Petit Port, le parking public du Bd Wilson, on en passe et des meilleurs sans oublier la Rotonde ou autre Villa Russie, qui aurait cru que tout cela serait cédé, parfois à vil prix, à des sociétés ou propriétaires privés qui en feraient leur beurre tandis que la commune s'appauvrirait et perdrait tout son patrimoine. Personne ne l'avait imaginé parce que Dominique Dord, cet agent immobilier très spécial, n'avait rien dit de ses intentions. Et maintenant revenons au lac...
O, temps, suspends ton vol...
Imaginons que demain l'Etat (qui y verrait là une source d'économie car un certain nombre de fonctionnaires veillent sur ce bien domanial) décide de céder le Lac du Bourget à une communauté d'agglomération qui comprendrait désormais toutes les communes riveraines et dont le maire d'Aix les Bains serait assuré d'avoir les commandes. Sans doute alors verrait-on émerger de belles et grandes idées dont notre agent immobilier très spécial a le secret.
Comme par exemple de transformer une partie de ce lac en grand complexe touristico-immobilier. A l'instar de ce qui se fait sur des rivages exotiques et plus ensoleillés, on pourrait voir resurgir l'idée (émise il y a quelques années) d'un grand complexe hôtelier et de loisir sur pilotis, voire d'une île flottante au beau milieu du lac. Plus rien ne s'opposerait à ce genre de délires derrière lesquels des intérêts financiers seraient en jeu. A la lueur du passé, il est difficile de croire que ce serait uniquement pour des motifs écologiques ou d'intérêt public que Dominique Dord s'intéressait aujourd'hui à la maitrise et la propriété du lac.
Il a fallu attendre un peu moins de dix ans pour voir une petite société parisienne se porter acquéreur des Thermes Chevalley. Il a fallu cinq années de plus pour apprendre, après de nombreuses fausses pistes, que ce serait la société Bouygues qui réaliserait un grand projet immobilier dans les anciens Thermes nationaux avec, bien sûr, une participation financière des contribuables encore modestement évaluée à 15 millions d'euros. Dans combien de temps apprendra-t-on que des grands groupes financiers sont également intéressés par ce qui va se passer sur un lac du Bourget privatisé? Sans doute moins longtemps. Car désormais le temps presse. Les Aixois, pourtant si crédules, pourraient finir par s'apercevoir de quelque chose.
Une chose apparaît désormais évidente: quand Dord est arrivé en vainqueur à la mairie en mars 2001on a rapidement vu traîner dans son sillage de nombreux prédateurs en quête de bonnes affaires. Aujourd'hui, de tout ce que la ville possédait en 2001, il ne reste quasiment plus un seul bien immobilier ou commercial à vendre (pour l'Aquarium et le Restaurant de la Plage les choses sont en bonne voie). Il ne reste plus que le lac.
Une expérience de 15 ans permet aujourd'hui de rappeler qu'il faut toujours se méfier de l'eau qui Dord.
(la tribune libre du conseiller municipal de Voglans est à lire sous le titre: le bon sens plutôt que des balivernes)